Trimestres de retraite : pourquoi NE PAS les racheter ?

Racheter des trimestres pour partir plus tôt à la retraite sans décote ? L’idée peut paraître séduisante. Pourtant, ce choix représente un coût important et n’offre pas toujours les garanties espérées, surtout avec des réformes en constante évolution. Alors découvrons ensemble pourquoi le rachat de trimestre n’est pas la meilleure stratégie pour préparer sa retraite !

Le rachat de trimestres de retraite : en quoi cela consiste ?

Racheter des trimestres de retraite signifie acheter des cotisations pour compléter les périodes où vous n’avez pas suffisamment cotisé, comme les années d’études ou les périodes de chômage non indemnisé. Le rachat peut également être envisagé pour les carrières longues, permettant à certains de partir plus tôt à la retraite. À noter qu’il est possible de racheter jusqu’à 12 trimestres de retraite maximum.

Ainsi, le rachat de trimestres concerne généralement les profils suivants :

• Diplômés de l’enseignement supérieur : pour compenser les années d’études sans cotisation.
• Personnes ayant des années incomplètes : pour compléter les périodes avec moins de quatre trimestres cotisés, souvent dues au chômage, à temps partiel ou à des contrats courts.
• Personnes proches de la retraite : les assurés de 55 ans et plus qui souhaitent atteindre le taux plein sans décote.
• Travailleurs ayant une carrière internationale : ceux ayant travaillé hors de France sans convention de cotisation, notamment les expatriés.
• Apprentis et stagiaires en début de carrière : pour valider les trimestres manquants lors des premières années de travail.
• Personnes ayant eu des interruptions de carrière : ceux ayant pris un congé parental ou interrompu leur activité pour raisons familiales.

Comment racheter des trimestres de retraite ?

Racheter des trimestres de retraite demande de suivre les étapes suivantes :

• Vérifier votre relevé de carrière : avant de lancer toute démarche, consultez votre relevé de carrière sur le site de l’Assurance Retraite. Ce document vous indique le nombre de trimestres validés et ceux potentiellement manquants.
• Déterminer le nombre de trimestres à racheter : identifiez les périodes de votre carrière qui peuvent être rachetées : études, périodes de chômage, stages, ou années incomplètes.
• Faire une demande de rachat : il est ensuite nécessaire de remplir une demande auprès de l’assurance retraite. Ce formulaire précise les trimestres souhaités, le type de rachat, et inclut les pièces justificatives.
• Accepter le devis et financer le rachat : une fois la demande et les justificatifs envoyés, la caisse de retraite établit un devis avec le coût du rachat. Vous avez le choix de régler le montant en une seule fois ou de le répartir sur plusieurs années, selon vos capacités financières. Le paiement du rachat peut souvent être étalé jusqu’à 5 ans.

À noter qu’il est possible de racheter des trimestres en fonction de deux options :

• Pour le taux plein : pour réduire ou annuler la décote qui pénaliserait la pension si le nombre de trimestres requis n’est pas atteint.
• Pour la durée d’assurance : pour bénéficier d’une pension complète plus tôt, en cumulant les trimestres nécessaires.

Combien coûte le rachat de trimestre pour la retraite ?

Le rachat de trimestres de retraite est une opération coûteuse. Le prix des trimestres est fixé selon des barèmes spécifiques et le montant peut rapidement grimper !

En effet, le montant du versement pour racheter 1 ou plusieurs trimestres dépend de l’âge auquel vous effectuez ce rachat, de l’option que vous choisissez et de votre revenu au moment du paiement.

Ainsi, l’assurance retraite de la Sécurité sociale distingue 3 tranches de rémunération :

• La moyenne annuelle des salaires inférieure à 75 % du PASS,
• Celle comprise entre 75 % et 100 % du PASS,
• Celle supérieure au plafond.

Le barème de rachat de trimestre est mis à jour chaque année par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav).

Utilisez le barème CNAV pour estimer le coût d’un rachat de trimestres en 2024 :

Exemple chiffré d’un rachat de trimestre pour sa retraite

Vous avez 55 ans, et votre salaire annuel moyen est de 32 000 €. Imaginons que vous ayez besoin de racheter 9 trimestres pour éviter d’attendre 67 ans pour prendre votre retraite à taux plein.

Coût du rachat de 12 trimestres à 55 ans

Le barème de la CNAV fixe le coût du rachat de trimestres en fonction de l’âge et du revenu de l’assuré. À 55 ans, le coût par trimestre est de 4 416 € pour l’option taux plein et durée d’assurance.
Le rachat de 9 trimestres représente donc un investissement de : 4 416 € × 9 = 39 744 €

Impact sur le montant de la pension : avec et sans le rachat de trimestres

Sans rachat des trimestres, vous percevrez 1 121,71 € par mois (hors retraite complémentaire). En effet, si vous conservez les 163 trimestres sur les 172 requis, vous subissez une décote pour les 9 trimestres manquants.

La décote est de 1,25 % par trimestre manquant, ce qui donne une réduction de 1,25 % x 9 = 11,25 % sur le taux de 50 %.
Le taux est alors égal à : 50 % – 11,25 % = 44,375 %.

Ensuite, votre pension est calculée en fonction de la durée d’assurance et de la durée requise, soit 163/172, donnant le résultat suivant : 32 000 € × 44,375 %× (163/172) = 13 460,47 € par an, soit environ 1 121,71 € par mois.

En rachetant les 9 trimestres manquants, vous atteignez les 172 trimestres requis et évitez la décote. Votre pension annuelle de base se calcule alors ainsi :
Avec un salaire annuel moyen de 32 000 € et un taux de 50 %, la pension annuelle sera de :

32 000 € ×50 %=16 000 € par an soit 1333,33 € par mois

Résumé des résultats :

En rachetant les 9 trimestres, vous augmentez votre pension de 211,62 € par mois pour un investissement total de 39 744 €. Il vous faudra environ 15,7 ans pour compenser le cout du rachat des trimestres.

En ce sens, le rachat de trimestre à ses limites et nous allons voir qu’il est plus judicieux de se tourner vers d’autres options pour augmenter le montant de sa pension à la retraite.

Quels sont les inconvénients du rachat de retraite ?

Le rachat de trimestres peut sembler être la solution pour obtenir une retraite à taux plein, mais ce mécanisme présent plusieurs inconvénients qu’il est important de considérer avant de prendre une décision :

• Coût élevé : nous venons de le voir, le rachat de trimestres représente un investissement significatif. Par exemple, pour une personne de 55 ans, chaque trimestre peut coûter entre 2 980 € et 5 888 €, selon les revenus et le type de rachat.
• Rendement incertain : la rentabilité du rachat dépend de plusieurs facteurs, notamment de l’espérance de vie et de la durée pendant laquelle l’assuré touchera la pension. Il faut généralement percevoir la retraite pendant 10 à 15 ans pour que le rachat soit rentable. D’autre part, avec les incertitudes sur les réformes du système de retraite, il est possible que les règles de calcul changent, ce qui pourrait diminuer l’impact des trimestres rachetés sur le montant de la pension.
• Pas de transmission de capital : le rachat de trimestres ne permet pas de constituer un capital transmissible aux héritiers. Contrairement à un PER ou une assurance-vie, le montant investi est perdu pour la succession. En cas de décès prématuré, l’investissement dans le rachat ne bénéficiera pas aux ayants droit. En investissant dans un produit d’épargne, au contraire, l’assuré peut transmettre un capital à ses proches.
• Aucun avantage fiscal : les versements effectués pour le rachat de trimestres ne sont pas déductibles du revenu imposable, contrairement aux versements effectués dans un PER. Le PER permet d’alléger immédiatement sa facture fiscale, ce qui réduit le coût de l’investissement. Pour les personnes dans des tranches d’imposition élevées, l’absence de déduction fiscale rend le rachat de trimestres moins intéressant comparé aux autres produits d’épargne retraite.

Alternative au rachat de trimestre : Capitaliser pour la retraite !

Au lieu de racheter des trimestres pour atteindre le taux plein, il est possible d’opter pour une stratégie de capitalisation dédiée à la retraite. Des produits comme le Plan d’Épargne Retraite (PER) ou l’assurance vie permettent de constituer un capital qui pourra être utilisé pour compléter les revenus à la retraite, offrant une flexibilité et des avantages fiscaux attractifs.

Le Plan d’Épargne Retraite (PER)

Le PER est un produit d’épargne long terme, spécifiquement conçu pour préparer la retraite. En y réalisant des versements tout au long de sa vie active, on peut accumuler un capital disponible au moment du départ à la retraite, soit sous forme de rente viagère, soit sous forme de capital. Ce produit présente plusieurs atouts :

• Avantage fiscal immédiat : les versements sur un PER sont déductibles du revenu imposable, ce qui permet une réduction fiscale non négligeable pendant la vie active, optimisant ainsi le rendement de l’épargne.
• Souplesse de sortie : à la retraite, le PER offre le choix entre une rente viagère (un complément de revenu mensuel à vie) ou une sortie en capital (retrait total ou partiel du capital accumulé). Cette option permet d’adapter l’épargne aux besoins financiers et aux préférences personnelles à la retraite.
• Transmission avantageuse : en cas de décès, le capital épargné sur un PER peut être transmis aux bénéficiaires désignés dans des conditions fiscales intéressantes. Le capital n’est pas intégré dans la succession et bénéficie d’une fiscalité avantageuse pour les bénéficiaires.

En choisissant d’investir dans un PER, vous pouvez ainsi constituer un complément de revenu pour la retraite tout en garantissant une possibilité de transmission avantageuse à ses proches.

L’assurance vie

L’assurance vie est également un produit d’épargne efficace pour préparer la retraite, offrant flexibilité et avantages fiscaux, même si elle n’est pas spécifiquement dédiée à la retraite :

• Fiscalité avantageuse après 8 ans : les gains générés sur un contrat d’assurance vie bénéficient d’une fiscalité réduite après 8 ans, avec un abattement annuel sur les retraits, ce qui en fait un outil de placement attractif sur le long terme.
• Liberté de retrait : contrairement au PER, l’assurance vie permet des retraits partiels à tout moment, sans obligation d’attendre l’âge de la retraite, offrant une souplesse supplémentaire en cas de besoin ponctuel.
• Transmission du capital : l’assurance vie permet également une transmission avantageuse, en dehors du cadre de la succession classique, avec des abattements fiscaux similaires à ceux du PER. Chaque bénéficiaire peut recevoir jusqu’à 152 500 € sans taxation (pour les versements effectués avant 70 ans), ce qui en fait un outil de transmission performant.

Ces deux produits d’épargne peuvent se combiner pour répondre à des objectifs différents. Le PER permet de réduire les impôts sur le revenu pendant la vie active, tout en offrant une source de revenu à la retraite et une transmission optimisée. L’assurance vie, quant à elle, offre une grande flexibilité d’utilisation et permet une gestion du capital plus libre. En capitalisant via un PER ou une assurance vie, il est possible de préparer un complément de revenu tout en préservant un capital pour la retraite, garantissant ainsi sécurité financière et souplesse pour la transmission.

Préparer sa retraite : Rachat de trimestre VS capitalisation

En résumé, capitaliser pour sa retraite est une solution bien plus avantageuse que le rachat de trimestres. Choisir d’investir dans une assurance vie et/ou un PER permet de compléter la pension de base tout en profitant d’avantages fiscaux immédiats et de préparer une transmission de patrimoine optimisée. À l’inverse, le rachat de trimestres reste un investissement coûteux et irréversible, sans possibilité de récupérer le capital, et qui dépend fortement de l’espérance de vie et des potentielles réformes à venir.

Pour conclure, je déconseille le rachat de trimestre pour sa retraite, c’est bien trop cher ! Au contraire, la mise en place d’une bonne stratégie d’investissement pendant la vie active vous permettra d’envisager votre retraite en toute sérénité !