La première pyramide de Ponzi a été montée par Charles Ponzi au début du 20ème siècle. Et l’Histoire en a connu de nombreuses depuis. Montages financiers frauduleux, les pyramides de Ponzi existent encore aujourd’hui, partout dans le monde. Mais qu’est-ce qu’une pyramide de Ponzi exactement ? Quel est son fonctionnement ? Comment les reconnaître afin de les éviter ? Voyons tout cela ensemble.
Sommaire
Pyramide de Ponzi : définition
Une pyramide de Ponzi est un montage financier, ou plutôt une escroquerie financière. Et sa création ne date pas d’hier. C’est Charles Ponzi qui monta la première aux États-Unis à la fin des années 1910. Il promettait alors un rendement ultra alléchant à ses « victimes » : un rendement de l’ordre de 50 % en moins d’un an. Plusieurs cas très connus de pyramides de Ponzi se sont enchaînés depuis (pensez à Bernard Madoff).
Mais concrètement, une pyramide de Ponzi, c’est quoi ? En deux mots, il s’agit d’un montage dans lequel les nouveaux « investisseurs » rémunèrent les anciens. Le but est donc d’amener toujours plus de monde dans l’étage tout en bas de la pyramide. Plus il y a de monde au premier niveau, plus les anciens touchent de dividendes.
Toute la structure repose donc sur le recrutement de nouveaux investisseurs. Et c’est là le plus difficile pour une pyramide de Ponzi à ses débuts. Une fois qu’elle est lancée, le système peut perdurer des années (ça a par exemple été le cas avec celle montée par Madoff).
Une pyramide de Ponzi ne repose sur aucune stratégie d’investissement ou d’entreprise. Il n’y a aucune vision à long terme, si ce n’est celle d’attirer toujours plus de personnes. La pyramide ne réalise pas de placement. Les nouveaux investisseurs payent pour y entrer, et cet argent va aux étages supérieurs de la pyramide.
Bon nombre d’observateurs voient de fortes ressemblances entre la pyramide de Ponzi et le MLM (marketing de réseau). Ce dernier est toutefois légal en France, quoi que très encadré.
Pyramide de Ponzi : est-ce légal ?
Les pyramides de Ponzi sont illégales en France (les ventes pyramidales). La loi les considère comme des montages financiers frauduleux.
C’est l’article L 122-15 du Code de la consommation qui interdit totalement les systèmes pyramidaux dans l’hexagone.
Et les sanctions sont lourdes :
- Jusqu’à 300 000 euros d’amande,
- Jusqu’à 2 ans d’emprisonnement,
- Interdiction d’occuper des fonctions publiques et / ou commerciales.
Quel est le fonctionnement d’une pyramide de Ponzi ?
Le fonctionnement d’une pyramide de Ponzi est très simple. Il s’agit, en clair, d’une structure avec plusieurs niveaux (pour le côté pyramidal). Et bien entendu, il y a beaucoup plus de monde aux étages inférieurs qu’aux étages supérieurs
Le but de la structure est d’attirer de nouveaux investisseurs en leur promettant des rendements très élevés, et un niveau de risques très faible. Il n’est pas rare que soient mis en avant des taux de 20 % par an, voire plus. Le but ? Qu’un maximum de personnes intègrent la pyramide, appâtés par ces gains.
Pour entrer, ces derniers doivent verser une somme d’argent. Celle-ci est ensuite redistribuée aux personnes aux étages supérieurs.
Vous vous en doutez, le ticket d’entrée pour intégrer une pyramide de Ponzi est faible.
Pour rémunérer les nouveaux arrivants (et les anciens), la pyramide doit ensuite en attirer d’autres. Et ce sont ces derniers qui payeront ceux au-dessus, et ainsi de suite. Le système « fonctionne » donc tant que des nouveaux entrent. Le jour où cela s’arrête, tout s’effondre. Et ceux qui en font les frais, ce sont évidemment les derniers arrivants.
Il ne s’agit pas là du seul risque qui pèse sur les pyramides de Ponzi. Si le Fisc découvre le montage, c’en est aussi terminé.
Vous trouverez de nombreux schémas de pyramide de Ponzi en ligne, si vous souhaitez une représentation graphique.
Où peut-on retrouver des pyramides de Ponzi ?
L’histoire plus ou moins récente nous amène de grands exemples de pyramides de Ponzi. Mais la plus connue est certainement la pyramide de Ponzi de Bernard Madoff. Nous en parlons en fin d’article.
Certains observateurs, comme Nassim Nicholas Taleb via son livre « Le Cygne noir : la puissance de l’imprévisible », considèrent que les cryptomonnaies comme le BitCoin reposent sur des principes similaires aux pyramides de Ponzi. Pour cet auteur notamment, ces monnaies reposent sur une spéculation, et les nouveaux utilisateurs de cryptos font monter la valeur des jetons détenus par les « anciens ». Bien entendu, cet avis est loin d’être partagé par tous.
Certains observateurs considèrent également que les NFT ont quelque chose à voir avec le sytème de la pyramide de Ponzi.
D’autres cas plus ou moins connus de pyramides de Ponzi peuvent aussi être cités, partout dans le monde. Comme celui de la société de cryptos Celsius par exemple, ou encore l’observation faite par certains que le système financier libanais reposerait sur une pyramide de Ponzi. D’autres encore considèrent que le système de retraite par répartition est assimilable à une pyramide de Ponzi.
Récemment, nous avons aussi eu le cas de Zachary Horwitz, un acteur américain qui a arnaqué plus de 200 victimes pour plus de 200 millions d’euros. Arrêté début 2022, il aurait promis, pendant plus de 5 ans, des rendements alléchants à ses victimes, lesquelles pensaient investir dans sa société de production / distribution de films.
Citons aussi, comme dernières illustrations, les cas d’Herbalife ou même la pyramide de Ponzi repérée dans le monde des sneakers mi-2022.
Selon les Échos, les pyramides de Ponzi ont causé près de 4 milliards de pertes en 2021 aux États-Unis. Ce type de montages seraient moins nombreux en nombre qu’auparavant, mais les montants impliqués seraient en hausse.
Comment reconnaître une pyramide de Ponzi ?
Il est très important aujourd’hui de savoir comment repérer une pyramide de Ponzi.
Déjà, une pyramide de Ponzi repose toujours sur une promesse alléchante :
- Des rendements élevés, voire très élevés. Surtout si on les compare avec ce que l’on peut trouver sur le marché légal…
- Des risques très limités.
Cette combinaison a évidemment de quoi séduire. Mais comment justifier un rendement, par exemple, de 20 % par an sans risques, alors que les « vrais » placements sans risques dépassent difficilement les 2 % / an ? Si vous tombez sur ce type de promesse, réfléchissez-y à deux fois.
Autre indice : un ticket d’entrée très souvent faible. Et aussi un manque de transparence évident quant au fonctionnement du montage / de la structure. Quels sont les investissements réalisés ? Sur quels marchés ? À quel horizon ? Si vous n’êtes pas en mesure de répondre à ces question avec les informations que vous avez à votre disposition, c’est là encore assez louche…
Autre chose qui pourrait vous mettre la puce à l’oreille : l’impossibilité ou la difficulté à récupérer votre mise. De même, si un nouvel arrivant est considéré comme un parrain et qu’il doit recruter des filleuls, c’est encore un signe que l’on a affaire à une pyramide de Ponzi.
La plupart des pyramides de Ponzi reposent sur des entités créées récemment, peu ou pas connues. Attention toutefois : cela n’est pas toujours le cas. Dans l’exemple Madoff dont nous parlons juste après, l’arnaque a perduré pendant de nombreuses années. Elle avait donc une certaine crédibilité apparente.
La Pyramide de Ponzi et le cas Bernard Madoff
Nul besoin d’être un expert en marchés financiers pour avoir déjà entendu parler de Bernard Madoff. Mort en prison en 2021, il est l’instigateur de « L’escroquerie du siècle ».
Et cette arnaque financière ne reposait sur nulle autre chose qu’une pyramide de Ponzi. Dès le début des années 1990, Madoff a mis en place un système bien rodé qui a attiré de très nombreux investisseurs (des dizaines de milliers de victimes). Et pour des sommes souvent énormes…
Comment ? En leur promettant des rendements très élevés bien sûr, complètement décorellés de la réalité des marchés.
L’ancien président du Nasdaq a finalement été arrêté en 2008, alors qu’il était à la tête d’une pyramide de Ponzi estimée à 65 milliards de dollars ! Logique, quand on sait que son montage frauduleux s’est étalé sur deux décennies.