Avec l’introduction obligatoire du non coté, ou Private Equity, le Plan d’Épargne Retraite (PER) en France est en pleine mutation. En effet, cette réforme vise à diversifier les investissements des épargnants tout en soutenant l’économie réelle. Mais qu’est-ce que cela implique réellement pour les investisseurs et comment cette évolution va-t-elle impacter l’économie française ? On fait le point !
Sommaire
Qu’est-ce que le non coté ?
Le non coté ou Private Equity (PE) désigne les investissements dans des entreprises non cotées en bourse. Ces actifs sont généralement moins liquides et plus risqués, mais ils offrent un potentiel de rendement supérieur à long terme.
Concrètement, investir dans le Private Equity signifie soutenir directement des entreprises en développement, telles que des start-ups ou des PME, souvent considérées comme les moteurs de l’innovation et de la croissance économique.
Pourquoi le non-côté devient obligatoire dans le PER ?
L’objectif principal de cette réforme est de diversifier les sources de financement des entreprises françaises, notamment les PME et les start-ups. En orientant une partie de l’épargne des Français vers le Private Equity, l’État espère soutenir l’innovation et la croissance économique tout en offrant aux épargnants la possibilité de bénéficier de rendements potentiellement plus élevés.
Ainsi, la réforme introduisant le non coté dans les PER se déroulera en deux étapes majeures :
- 2024 : Tous les nouveaux PER individuels en gestion pilotée devront inclure un pourcentage d’actifs non cotés. Cette obligation vise à diversifier les portefeuilles des épargnants en les exposant à des opportunités de rendement plus élevées.
- 2026 : Cette obligation s’étendra aux PER d’entreprise, garantissant que l’ensemble des épargnants, qu’ils aient souscrit récemment ou il y a plusieurs années, profitent des bénéfices potentiels du Private Equity.
Quels sont les mandats de gestion concernés par la réforme du PER ?
L’une des nouveautés apportées par cette réforme est la répartition obligatoire des investissements en non coté selon le type de mandat de gestion choisi par l’épargnant. Les pourcentages de répartition varient en fonction du profil de gestion du PER, permettant une adaptation précise au niveau de risque que l’épargnant est prêt à accepter.
Ainsi selon votre profil investisseur, la part des actifs non-cotés pourraient être la suivante :
- Mandat de gestion prudent : environ 5% à 10% des actifs seront investis dans le non coté et jusqu’à 2 % des versements en non coté jusqu’à 10 ans avant la retraite. Ce type de mandat convient aux épargnants les plus conservateurs, qui recherchent une croissance modérée de leur capital avec un risque limité.
- Mandat de gestion équilibré : entre 10% et 20% des actifs seront investis dans le non coté et jusqu’à 3 % des versements en non coté jusqu’à 5 ans avant la retraite. Ce mandat vise à équilibrer le risque et le rendement, offrant une exposition plus significative au private equity tout en maintenant une diversification suffisante pour protéger le capital.
- Mandat de gestion dynamique : 20% à 30% des actifs pourront être investis dans le non coté et jusqu’à 5 % 5 ans avant la retraite. Ce mandat s’adresse aux épargnants prêts à accepter une plus grande volatilité en échange de rendements plus élevés, en capitalisant sur la croissance des entreprises non cotées.
À la suite de l’article 35 de la loi sur l’industrie verte, il existe aussi le mandat de gestion pilotée offensive qui peut imposer des proportions minimales de non cotés variant de 6 % à 15 % selon la durée de détention restante.
Quels impacts pour les épargnants ?
L’introduction du non coté dans les PER représente sur le papier une opportunité et une chance pour espérer obtenir des rendements plus élevés, mais et surtout une prise de risque accrue. Le Private Equity, bien que potentiellement très rentable, est moins liquide et plus volatil que les placements traditionnels, ce qui nécessite un engagement sur le long terme. Les épargnants doivent être conscients de ces caractéristiques avant de s’engager.
Cette évolution impose une nouvelle manière d’aborder l’épargne retraite. Les épargnants devront évaluer leur tolérance au risque et choisir des allocations qui correspondent à leurs objectifs de long terme. Pour les plus prudents, une exposition limitée au non coté pourrait être appropriée, tandis que les investisseurs plus audacieux pourraient espérer tirer parti de performance.
À l’approche de la retraite, il est important de réduire l’exposition à ces actifs plus risqués pour se concentrer sur la préservation du capital et la stabilité des revenus.
Comment les gestionnaires de fonds vont mettre en place la réforme du PER ?
Les gestionnaires de fonds vont jouer un rôle central dans cette transition. Ils devront non seulement devoir acquérir une expertise en private equity, mais aussi adapter leurs stratégies d’investissement pour intégrer ces actifs dans les portefeuilles des PER. La gestion de ces actifs nécessite des compétences spécifiques en sélection d’entreprises prometteuses et en gestion des risques associés.
Cette obligation pourrait également devenir un levier de différenciation pour les gestionnaires qui parviendront à offrir des produits performants, tout en éduquant les épargnants sur les particularités du non coté.
Une réforme ambitieuse, mais risquée
Bien que cette réforme ouvre de nouvelles perspectives, elle comporte surtout des défis importants. Les principaux risques sont la moindre liquidité des actifs non cotés, qui nécessite un horizon d’investissement plus long ainsi que le risque de pertes.
La performance de ces investissements peut varier fortement en fonction de l’environnement économique, des secteurs d’activité et des entreprises spécifiques dans lesquelles les fonds sont investis.
Le succès de cette réforme dépendra de la capacité des gestionnaires à équilibrer le potentiel de rendement avec une gestion des risques adaptée, tout en assurant une transparence totale pour les investisseurs. L’ajustement progressif de la part des actifs non cotés à l’approche de la retraite sera également un facteur clé pour protéger le capital accumulé tout au long de la vie active.
Pour conclure, je regrette que l’État intervienne de cette façon dans l’orientation de l’épargne des Français. Le flou sur la faisabilité ainsi que sur les perspectives de ces placements m’incitent à la plus grande prudence. La bonne nouvelle, c’est que si vous sélectionnez une autre gestion que la gestion pilotée (que nous ne recommandons pas à nos clients!), vous pouvez échapper à ce dispositif !