Retraite • 9 minutes de lecture 0 commentaire

Quelle est la retraite d’un chef d’entreprise ?

Benoît Fruchard

Posté par

Benoît Fruchard

Mis à jour le

05 août 2025

Sommaire

    Les chefs d’entreprise ne sont pas gâtés niveau retraite. Il n’est en effet pas rare que leurs revenus chutent de plus de 60% (voir 90%) lorsqu’ils mettent un terme à leur carrière professionnelle. Mieux vaut alors la préparer bien en amont, notamment en capitalisant. Heureusement, plusieurs solutions viables existent. Comment fonctionne la retraite d’un chef d’entreprise ? Comment sont calculées pension et retraite complémentaire ? Comment améliorer sa retraite future ? Voyons tout cela ensemble ! 

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    Pourquoi anticiper sa retraite en tant que dirigeant d’entreprise ?

    Les droits à la retraite des dirigeants sont loin d’être automatiques ou suffisants. En l’absence d’une politique volontaire d’anticipation, le risque de percevoir une pension faible, voire dérisoire, est réel. C’est pourquoi il faut anticiper sa retraite.

    Tout d’abord, car le régime de retraite peut être moins protecteur. Les dirigeants affiliés au régime des travailleurs non salariés (TNS) cotisent à des régimes spécifiques, moins généreux que le régime général. Le montant de la retraite dépend directement des revenus déclarés, souvent optimisés à la baisse pour réduire les charges sociales. 

    Résultat : une retraite de base faible et une retraite complémentaire qui ne suffit pas à maintenir le niveau de vie. Même les dirigeants assimilés salariés (présidents de SAS ou de SASU, gérants minoritaires) peuvent percevoir des pensions limitées s’ils se rémunèrent peu ou pas du tout.

    Les chefs d’entreprise doivent donc construire leur retraite d’eux-même, le plus souvent par capitalisation. Chaque produit d’épargne a ses avantages : 

    • Le Plan d’Épargne Retraite (PER) permet de se constituer une retraite complémentaire tout en réduisant son impôt grâce à la déduction des versements. Il offre une sortie en capital ou en rente au moment de la retraite, avec une fiscalité avantageuse.
    • L’assurance-vie permet d’épargner librement tout en profitant d’un cadre fiscal attractif en cas de retrait après 8 ans. C’est aussi un excellent outil de transmission, avec des abattements fiscaux importants hors succession.
    • Les SCPI permettent d’investir dans l’immobilier locatif sans gestion, tout en générant des revenus réguliers, souvent trimestriels . Elles offrent une diversification patrimoniale et peuvent s’intégrer dans un PER ou une assurance-vie.

    La retraite peut s’inscrire dans une stratégie globale de transmission d’entreprise, avec des avantages fiscaux à la clé si l’on anticipe suffisamment tôt. N’hésitez pas à contacter notre branche spécialisée dans le conseil aux chefs d’entreprise.

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    Quelle retraite de base pour les dirigeants ?

    Les TNS

    Les professions suivantes sont définies comme travailleurs non salariés (TNS)  : 

    • Les artisans
    • Les commerçants
    • Les professions libérales 
    • Les gérants majoritaires de SARL 

    Ils cotisent à la Sécurité sociale des indépendants (SSI) pour leur retraite de base. Ce régime fonctionne selon le principe du régime général, avec un calcul basé sur les revenus professionnels annuels, revalorisés et limités à 47 100 €, qui est le PASS 2025. 

    Les TNS valident jusqu’à 4 trimestres par an, dès lors que leur revenu dépasse un seuil minimum (1 838 € en 2025 pour 1 trimestre). Le montant de la pension repose sur trois paramètres : 

    • Le nombre de trimestres validés
    • Le revenu moyen des 25 meilleures années
    • Un taux plein de 50 % (si toutes les conditions sont remplies). 

    En cas de carrière incomplète ou de faibles revenus, le montant peut être réduit. Les professions libérales contribuent également à une retraite de base propre (CNAVPL), mais calquée sur le même principe.

    Les dirigeants assimilés salariés

    Les dirigeants assimilés salariés sont, par exemple : 

    • Les présidents de SAS / SASU
    • Les gérants minoritaires ou égalitaires de SARL
    • Les mandataires sociaux rémunérés

    Ils cotisent au régime général de la Sécurité sociale, comme les salariés. Leur retraite de base est calculée par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV), selon les mêmes règles que pour un salarié classique : 

    • un taux plein de 50 %, appliqué au salaire annuel moyen des 25 meilleures années
    • Un maximum fixé par le plafond de la Sécurité sociale (PASS)
    • La validation de 172 trimestres (ou moins selon leur année de naissance) pour bénéficier du taux plein. 

    En revanche, ils ne cotisent pas à l’assurance chômage, sauf exception (via Pôle emploi ou assurance privée), ce qui peut avoir un impact en cas d’arrêt d’activité. Le montant de leur pension dépend donc directement de la rémunération effective qu’ils se versent : les dividendes ne sont pas pris en compte dans le calcul.

    Comment cotise un chef d’entreprise ?

    Les cotisations retraite du chef d’entreprise dépendent de son statut. Sachez qu’elles sont globalement plus élevées pour un patron assimilé salarié. Il jouira en contrepartie d’une « meilleure » pension. Les TNS cotisent moins, mais leur pension sera inférieure. Dans tous les cas, il est primordial de préparer sa retraite en amont quand on est chef d’entreprise. 

    Apportons déjà quelques précisions quant aux cotisations retraite d’un chef d’entreprise indépendant. On regardera si l’entreprise est soumise à l’impôt sur le revenu ou à l’impôt sur les sociétés :

    • Société à l’IS : les cotisations sont basées sur la rémunération, 
    • Société à l’IR : elles sont basées sur la quote-part des bénéfices,
    • EIRL : les cotisations dépendent des bénéfices de l’entreprise (BIC ou BNC), 
    • Auto-entreprise : les cotisations sont basées sur les recettes. 

    Les cotisations retraite de base sont fixées à :

    • Pour les commerçants, artisans et industriels : 17,75 % sous le Plafond annuel de la Sécurité Sociale (PASS), et 0,60 % au delà, 
    • Pour les professionnels libéraux : 8,23 % sous le PASS et 1,87 % entre 1 et 5 fois le PASS, 
    • Pour les assimilés salariés : 17,75 % sous le PASS, et 2,3 % au delà. 

    En tant que chef d’entreprise, vous payez aussi des cotisations pour votre retraite complémentaire : 

    Si vous êtes commerçant, artisan ou industriel : 7% jusqu’à 38 916 euros, et 8 % entre 38 916 euros et 4 fois le PASS, 

    Si vous êtes professionnel libéral : les cotisations dépendent de votre caisse (elles sont de toute façon calculées sur la base de vos revenus), 

    Si vous êtes un patron assimilé salarié :  10,02 % (10,37 % si vos revenus excèdent le PASS)  et 24,64 % entre 1 et 8 PASS.

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    La retraite complémentaire du chef d’entreprise

    La retraite complémentaire du chef d’entreprise TNS est gérée par l’Assurance Retraite, donc la Sécurité Sociale des Indépendants. Pour les agriculteurs, c’est la MSA. Et pour les professions libérales, la CIPAV (qui dépend de la CNAVPL), sauf exceptions (les avocats). Les patrons assimilés salariés cotisent quant à eux à l’Agirc-Arrco.

    Le système de retraite complémentaire pour les chefs d’entreprise est à points. Au départ en retraite, ils sont convertis en rente, laquelle vient s’ajouter à la pension de base, 

    Malgré la retraite complémentaire, les revenus du chef d’entreprise chutent quand même nettement lorsqu’il cesse son activité. Cela est d’autant plus vrai pour ceux qui ne sont pas assimilés salariés. Il est donc primordial de préparer sa retraite en amont, souvent par « capitalisation » (grâce à l’épargne). 

    Plusieurs solutions d’épargne retraite s’offrent au chef d’entreprise. Il y a bien sûr le Plan épargne retraite (PER) individuel pour chef d’entreprise. Mais il est aussi possible de mettre en place un PER collectif dans l’entreprise, à destination du patron comme des salariés. Citons aussi le PEE (Plan épargne entreprise). L’assurance-vie est aussi une belle solution pour se constituer des revenus complémentaires à la retraite.

    Pendant longtemps, les solutions s’appelaient contrat Madelin, Perco… Tous ces « anciens » plans d’épargne retraite ont cessé d’être commercialisés. Il est toutefois possible de conserver le vôtre et de continuer à l’alimenter si vous en avez déjà un. Désormais, seul un PER (dans ses différentes versions) peut être ouvert.

    Pour améliorer sa retraite future et celle de ses salariés, le chef d’entreprise pourra notamment mettre en place : 

    • Un PER collectif (PERECO), qui remplace le Perco : il pourra recueillir les versements volontaires de l’entreprise et du salarié, 
    • Un PER obligatoire (PERO), qui remplace le Contrat Article 83 : il recueille les versements obligatoires de l’entreprise et du salarié (ainsi que des versements volontaires). La sortie se fera seulement en rente (pour la partie versements obligatoires).

    Qu’est-ce que la retraite progressive ?

    Un chef d’entreprise peut partir à la retraite de façon progressive. Il peut tout à fait continuer à travailler tout en commençant à percevoir une partie de sa retraite. Cela s’avère très intéressant s’il souhaite « lâcher du lest » en formant, par exemple, son repreneur. Idéal pour un commerçant ou un artisan ! 

    Concrètement, il est possible de passer en temps partiel. Certaines conditions doivent toutefois être remplies afin de pouvoir demander sa retraite progressive : 

    • Avoir au moins 60 ans, 
    • Travailler entre 40 et 80 % du temps complet, 
    • Avoir cumulé au moins 150 trimestres.

    Le montant de la pension de retraite (+ complémentaire) dépendra de la baisse de revenus. Il faut toutefois que la baisse de revenus soit d’au moins 20 %. Concrètement, si les revenus baissent de moitié, c’est 50 % de la pension de retraite qui sera versée.

    Pendant la période de retraite progressive, le chef d’entreprise continue à cotiser. Lors de son départ en retraite définitive, on tiendra compte des cotisations versées pendant cette période.

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    L'auteur
    Photo Benoît Fruchard

    Benoît Fruchard

    Fondateur de Cleerly - Conseiller en gestion de patrimoine

    Benoît Fruchard est passionné de finances personnelles depuis son plus jeune âge. Après une licence d'économie à l'Université de Nantes puis un Master à l'Université de Bordeaux, il rentre en école de commerce à Rouen. Il a travaillé 2 ans au sein de la BNP Paribas puis 5 ans chez un courtier en ligne. En 2021, il a créé Cleerly, un cabinet en gestion de patrimoine et un site pour démocratiser les finances personnelles... en savoir plus

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