Il est fort probable que vous ayez déjà entendu les termes « hedge funds », surtout si vous suivez de près ou de loin les actualités financières. Mais savez-vous en quoi consistent réellement ces placements alternatifs nés dans les années 50 ? Qu’est-ce qu’un hedge fund ? Comment est-il constitué ? Quid de son rendement ? Dressons ensemble le portrait complet de ces fonds de couverture souvent mal-aimés.
Sommaire
Hedge fund : définition
Un hedge fund, c’est quoi ? En deux mots, il s’agit d’un fonds d’investissement spéculatif. L’objectif d’un tel fonds est de réaliser le maximum de profits tout en gérant le risque au maximum via des couvertures. Pour cela, il emploie des stratégies « agressives » et toute une gamme d’instruments financiers.
Globalement, on regroupe sous l’appellation « hedge fund » tous les fonds alternatifs, qui ne sont pas consacrés à l’investissement « simple » en actions ou obligations cotées. On parle donc de « gestion alternative », à l’instar, par exemple, de la private equity.
Un hedge fund a recours à des méthodes de gestion dites « non traditionnelles ». Il prend des positions risquées et des couvertures (« hedge » signifie « se couvrir » dans le vocabulaire financier). Il tire aussi profit d’ « effets de levier » : le fonds emprunte afin d’investir bien plus que ce que les investisseurs lui ont confié. Cela lui permet d’augmenter ses positions, toujours dans l’optique de maximiser le rendement.
Un hedge fund peut se positionner sur tous les marchés, selon la stratégie que met en place le gestionnaire. Il peut prendre des positions en actions, obligations, matières premières, produits dérivés, devises…
N’étant pas (ou peu) réglementés, contrairement aux fonds « classiques », les hedge funds ont accès à toute la gamme de stratégies et d’instruments financiers. Lesquels sont inaccessibles pour les fonds traditionnels (les fonds communs de placement que l’on peut acquérir en assurance-vie par exemple)…
Quelques hedge funds sont basés en France, même s’ils sont rares. Les hedge funds sont bien plus nombreux de l’autre côté de la Manche. Et bien sûr, encore plus aux États-Unis. Inutile donc de donner une liste complète des hedge funds basés en France (à Paris le plus souvent), mais citons Capital Fund Management à titre d’illustration.
Qui peut investir dans un hedge fund ?
Les caractéristiques d’un hedge fund, ainsi que sa complexité, le rendent difficilement envisageable en tant qu’investissement pour un investisseur particulier. Les hedge funds sont donc réservés aux professionnels, entreprises, institutionnels, fonds de pension…
Certains investisseurs particuliers peuvent quand même accéder aux hedge funds. Il faut pour cela qu’ils démontrent des connaissances suffisantes en produits et instruments financiers. Et qu’ils aient aussi des moyens (très) importants… Un particulier qui souhaite placer ses billes dans un hedge fund doit être « accrédité » (on parle donc d’ « investisseurs accrédités »).
Parmi les fonds accessibles aux investisseurs particuliers, citons par exemple Moneta Long Short ou de R-co OPAL Long/Short Global F EUR.
Plusieurs grandes raisons concourent au fait que les hedge funds ne sont pas faits pour « monsieur tout le monde ». En voici 3 :
- Le ticket d’entrée est très élevé (plusieurs centaines de milliers d’euros),
- Les hedge funds sont des placements très peu liquides,
- Ils sont difficilement accessibles, car il faut être accrédité.
De toute façon, les hedge funds sont des investissements complexes, qui requièrent de solides connaissances en finance. Ils sont aussi très risqués. Cela n’en fait donc pas de bons supports d’investissement pour l’immense majorité des épargnants particuliers.
Quelles sont les grandes caractéristiques d’un hedge fund ?
Un hedge fund est un fonds non réglementé, ou très peu. Ce premier élément le distingue des fonds traditionnels (c’est-à-dire non alternatifs), qui sont soumis à réglementation.
Type de fonds | Caractéristiques |
---|---|
Fonds réglementés type FCP (Fonds commun de placement) | – Ouverts aux particuliers – Réglementation strictre – Accès à seulement certains instruments et actifs financiers |
Fonds non réglementés type hedge funds | – Ouverts à de très rares particuliers (investisseurs accrédités) – Stratégies à haut risque – Accès à toute la gamme d’actifs et de marchés financiers |
Les hedge funds sont, sur le plan de leur structure juridique, des « sociétés en commandite ». Les investisseurs sont des commanditaires : ils apportent de l’argent au fonds. Ce dernier (le commandité) récolte ces fonds et les investit ensuite selon la stratégie globale définie par le gestionnaire. Certains hedge funds valent plusieurs dizaines voire centaines de milliards de dollars.
Ce qui caractérise aussi les hedge funds, c’est le côté « stratégique ». Chaque fonds à sa stratégie propre. Il se positionne sur de nombreuses classes d’actifs et sur différents marchés, à l’achat comme à la vente. L’objectif du fonds hedge est, grâce à sa gestion alternative, de rester décorellé des marchés. Cela permet à certains fonds de dégager des gains même quand le marché chute.
Le hedge fund a aussi la particularité de couvrir ses positions via diverses techniques et instruments financiers. Inutile ici de rentrer dans les détails de cette matière hautement technique. Sachez toutefois que les hedge funds sont réputés pour leur côté spéculatif. Sont visés par ces fonds des actifs à forte rentabilité, avec un haut niveau de risques associé (d’où l’importance de la couverture, ou « hedging »).
Côté frais, tous les hedge funds fonctionnent à peu près de la même façon. L’investisseur supporte des frais proportionnels à l’encours, et d’autres sur les performances réalisées. Les frais de gestion sont souvent fixés à 2 %, et ceux sur les bénéfices à 20 % (on parle de barème « 2-20 »). Chaque hedge fund est toutefois libre en la matière.
Enfin, autre grande spécificité commune aux hedge funds : la durée d’investissement. Déjà, il ne s’agit pas d’un placement liquide. Une période de blocage initiale est prévue, généralement de l’ordre de 2 à 3 ans. L’investisseur pourra récupérer ses fonds, mais seulement à certains moments bien précis.
À titre d’information, sachez aussi que les hedge funds peuvent être classés en catégories. C’est leur stratégie globale qui permet de les répartir entre fonds directionnels, fonds événementiels, macro-fonds mondiaux…
Comment fonctionne un hedge fund ?
On l’a dit, un hedge fund investit sur divers actifs selon la stratégie qu’il définit, et couvre ses positions via des techniques financières pointues. Un hedge fund reste un fonds de couverture. Et plusieurs hedging existent… Partant de là, l’objectif du fonds est de maximiser sa performance avec la meilleure gestion des risques possible. Et le tout en restant décorellé des classes d’actifs communes et des fluctuations des marchés.
Le hedge fund a accès à l’ensemble des classes d’instruments financiers, afin de construire un portefeuille aligné à sa stratégie. Il a donc recours, par exemple, à des produits dérivés, à des effets de levier… Plusieurs types de stratégies peuvent être utilisées :
- Le « stock picking », qui consiste à prendre des positions sur des titres individuels, que ce soit à l’achat ou à la revente (« long / short equity),
- Arbitrages lors de fusions / acquisitions (« Merger arbitrage »),
- Arbitrages de produits de taux (« Fixed income arbitrage »),
- Acquisition d’obligations convertibles…
Un hedge fund emploie de nombreuses techniques financières afin que ses positions restent au maximum décorellées des marchés et des principales classes d’actifs. Il s’agira par exemple de la « vente à découvert » (short selling), de produits dérivés (tels que les « futures » par exemple)…
Un hedge fund peut par exemple faire de la long short equity en prenant des positions acheteuses sur des titres qu’il juge sous-évalués sur le marché. Ce faisant, le potentiel de gains est, à terme, très important, mais les risques le sont tout autant.
Quel est le rendement d’un investissement en hedge fund ?
Les hedge funds sont des investissements que l’on peut qualifier de très dynamiques. C’est d’ailleurs tout leur intérêt pour le professionnel (ou le particulier accrédité) qui investit dans un tel fonds. L’objectif numéro 1, c’est la recherche de rendement.
Globalement, le but est que la valeur du fonds augmente. Le cas échéant, les commanditaires (les investisseurs) ont droit à des bénéfices. Ces derniers sont évidemment calculés au prorata des sommes investies. Notons ici que les risques sont limités aux apports faits au fonds. L’investisseur pourra constater des pertes très importantes, mais elles n’iront pas au delà de ce qu’il a apporté au fonds.
Ces précisions étant faites, disons-le tout de suite : le potentiel de rentabilité des hedge funds est énorme. Il est tout à fait possible d’espérer 25 % par an. Il faut simplement être prêt à accepter les risques (tout aussi énormes). Les gains dépendent des performances des instruments financiers et des positions prises par le fonds. Ils illustrent donc la qualité (ou non) de la stratégie définie par le gestionnaire.
Que l’investisseur soit une entreprise, un institutionnel ou un particulier accrédité, il est fortement déconseillé de placer une part trop importante de son portefeuille dans un hedge fund. Mieux vaut diversifier au maximum.
Au delà du potentiel de rendement, l’autre intérêt pour l’investisseur est que le portefeuille du hedge fund est moins exposé aux risques de marché. Rappelons que la décorellation des marchés est un objectif pour tout fonds. Les rendements ne sont pas indexés sur l’évolution de la Bourse. Des gains peuvent donc être constatés même si le marché s’écroule. Cela n’est bien sûr pas toujours le cas.
Que ce soit pour des hedge funds ou des fonds réglementés, n’oubliez jamais que des performances passées ne présagent pas de performances futures.