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Day One Club (Off Market) : faut-il investir dans le club d’Éric Larchevêque ?

Benoît Fruchard

Posté par

Benoît Fruchard

Mis à jour le

11 décembre 2025

Sommaire

    Avec le succès de Blast Club, plusieurs membres du jury de Qui veut être mon associé ? ont lancé leur propre club d’investissement. C’est le cas d’Éric Larchevêque, après avoir été ambassadeur de Blast. Le concept de son club : payer un abonnement annuel pour accéder à des opportunités « off market ». Je vais vous expliquer comment fonctionne son club, sur quoi reposent les promesses, quels sont les risques… et surtout si cela vaut le coup d’y aller.

    Comment fonctionne Day One ?

    Day One fonctionne sur la base d’un abonnement annuel. Une fois inscrit, vous accédez à une plateforme qui centralise les contenus du club ainsi que les opportunités d’investissement mises en avant. L’abonnement donne donc accès à un ensemble de services (formations, communauté via Discord…) et permet de consulter les différentes offres présentées par les partenaires du club.

    Le club devait s’appeler Day One, mais ce nom posait problème juridiquement. Comme le montre le tweet de Michel de Guilhermier, la marque « Day One » appartient déjà à un fonds :

    tweet day one eric larcheveque club

    L’avocat d’Éric Larchevêque a donc déposé une nouvelle marque, Off Market auprès de l’INPI :

    logo club off market day one eric larcheveque

    Ce dépôt risque également de ne pas aboutir car plusieurs marques similaires existent déjà en classe 36 :

    off market inpi

    Est-ce que Eric Larchevêque est un bon investisseur ?

    L’objectif du club est de fédérer une communauté autour de l’expérience d’Éric Larchevêque et de son associé, Nathan Benchimol. Revenons un peu sur la vie d’entrepreneur d’Éric Larchevêque, pour vous aider à vous projeter.

    Des débuts entrepreneuriaux… parfois polémiques

    Éric Larchevêque commence sa carrière dans l’hébergement et la création de sites, notamment pour adultes. Il développe aussi des systèmes d’affiliation et des solutions de paiement.

    Cette première entreprise lui permet, au moment de la vente de sa société, de devenir riche. Il se permet alors une petite pause de 2 ans entre 2007 et 2009 pour jouer au poker et souffler après plusieurs années intenses d’entrepreneuriat.

    poker eric larcheveque livepoker

    Le succès de Ledger

    Revenu dans un cadre plus traditionnel, il lance Prixing, une application de comparaison de prix qu’il revend en 2013. Mais c’est surtout à cette période qu’il découvre le Bitcoin (en 2012) et qu’il lance alors plusieurs projets autour de la cryptomonnaie :

    • La Maison du Bitcoin : un espace parisien dédié à l’achat via un ATP et la pédagogie,
    • Ledger : solution physique de sécurisation de crypto-actifs devenue une référence mondiale.

    Avec l’explosion du Bitcoin (le prix monte jusqu’à 1 250 $ en 2013 puis descend à 300 $ en 2014, les montagnes russes émotionnelles pour les spéculateurs existent depuis longtemps !), Ledger connaît une croissance très forte. La Maison du Bitcoin donnera naissance à Coinhouse et Ledger deviendra une licorne française, valorisée plus d’un milliard de dollars.

    En 2019, après une nouvelle année difficile pour le marché crypto et une restructuration au sein de Ledger (10 % des effectifs supprimés), il quitte la direction de l’entreprise (ou est remercié selon les versions).

    Un investisseur de QVEMA

    Après son départ, il prend du recul, puis devient juré dans Qui veut être mon associé ? où il incarne l’investisseur technophile. En parallèle, il réalise plusieurs investissements personnels (notamment durant QVEMA) et via des véhicules dédiés. Voila une partie de son portefeuille d’investissements : 

    Il s’agit d’un portefeuille très étoffé et plutôt classique pour un business angel avec de belles réussites et des entreprises avec lesquelles ça c’est moins bien passé. Les entreprises qui publient leurs comptes sont plutôt rentables malgré quelques procédures collectives. 

    Une vision libertarienne

    Pour comprendre Éric Larchevêque, il faut aussi regarder sa vision du monde, très marquée par un esprit libertarien. Il exprime souvent une forte défiance envers l’État et les institutions traditionnelles, qu’il juge trop lourdes, trop lentes ou trop intrusives (notamment au moment des kidnappings). Il défend une idée centrale : chacun doit pouvoir compter avant tout sur lui-même, y compris pour sa propre protection.

    Cette vision se retrouve dans ses conviction financière avec l’idée que les cryptomonnaies permettent de reprendre le contrôle. Il dit d’ailleurs que toute sa fortune est détenue en cryptos. Cette défiance vis à vis de la finance traditionnelle s’explique notamment car il dit avoir perdu toute ses économies (400 000 €) en 2002 après la faillite d’une banque lettonne.

    Cette vision permet aussi de comprendre la trajectoire de l’entrepreneur. Ledger incarne cette vision : si vous ne détenez pas vos clés privées, vous ne détenez pas réellement vos crypto (la fameuse phrase : « not your keys not your coins »). Coinhouse est dans la même lignée, avoir la possibilité d’acheter des crypto pour sortir de la finance traditionnelle. Aujourd’hui, on retrouve aussi cela avec Day One, mettre en avant des investissements qui correspondent à cette manière de penser : des opportunités hors du système, décentralisées, hors de la finance classique.

    Cette posture séduit une partie des téléspectateurs et des réseaux sociaux car il propose une alternative à la situation actuelle. En tout cas, cela permet de comprendre qu’Éric Larchevêque ne cherche pas à proposer des investissements traditionnels.

    Dans quoi est-il possible d’investir avec Day One ?

    Voilà ce qui nous intéresse principalement, les possibilités d’investissement avec Day One. Pour l’instant il existe un certain nombre de drop (le nom pour les solutions qu’ils partagent) qui sont accessibles sur leur plateforme et qui ont été partagés sur des forums, notamment Reddit ou dans la newsletter / enquête de Zero Bullshit. Voila une liste de quelques drops qui ont été partagés sur des forums : 

    En observant l’ensemble des drops proposés, on constate un point commun : il s’agit de produits atypiques, non régulés pour la plupart, et souvent associés à des rendements anormalement élevés (23,5%, 48%…).

    Ce type de rendement, affiché comme standard, n’existe pas dans les classes d’actifs traditionnelles régulées. Reprenons les exemples :

    • Marrakech : risques juridiques + éloignement + liquidité faible + dépendance prestataire.
    • Droits musicaux : produit de niche, potentiellement interdit par l’AMF et opaque.
    • Cartes Pokémon : marché hyper volatil, manipulation des prix possible, promesse de 48% inquiétante, c’est pour moi un red flag typique (à titre de comparaison, Aristophil proposait des rendements de 9%…).
    • Private Equity : pas un “drop”, un simple partenariat avec une plateforme.
    • Pré-IPO Kraken : très illiquide, dépend du marché crypto + incertitude sur l’IPO.
    • Altcoins : volatilité extrême + performances non garanties + proposition faite sur Coinhouse dont Eric Larchevêque est actionnaire.

    Les drops ne sont donc pas vraiment exclusifs, ce sont des offres existantes d’acteurs tiers, simplement présentées sous un packaging Day One. L’exclusivité se limite souvent à une réduction de frais ou à un ticket d’entrée abaissé.

    En plus des drops, l’abonnement donne accès à une académie interne, des cours vidéo, des dossiers complets, et un Discord privé. Mais l’enquête récente de Zéro Bullshit indique que la qualité pédagogique est très inégale.  

    Quel est le coût du club Day One ?

    Day One propose plusieurs formules d’abonnement, comprises entre 1 500 € et 10 000 € par an. À l’image d’autres clubs comme Blast ou le Kretz Club, ces tarifs sont importants et positionnent Day One comme une offre destinée à un public CSP+.

    Il est important de comprendre que cette cotisation ne constitue pas un investissement : elle donne uniquement accès au club, aux opportunités mises en avant, aux formations, au Discord et aux éventuelles conditions préférentielles négociées avec les partenaires.

    Un investissement réalisé via un drop va ensuite impliquer des frais supplémentaires, par exemple:

    • des frais d’entrée (2% sur les cartes Pokemon),
    • un partage de la valeur sur l’éventuelle plus-value (12 % sur les cartes Pokemon),
    • des frais de structuration (par exemple 8 % pour l’IPO de Kraken),
    • ou des frais de gestion annuels.

    Autrement dit, l’adhésion au club représente un coût fixe, auquel s’ajoutent d’autres frais variables propres à chaque partenaire. Pour rentabiliser ce modèle, un membre doit investir des montants importants chaque année, ce qui limite l’intérêt économique pour les petits tickets.

    Comment se différencie le club d’Eric Larcheveque ? + Mon avis personnel

    Off Market se présente comme un club donnant accès à des opportunités uniques… Mais le modèle repose avant tout sur quelques formations et la mise en avant de produits très risqués, proposés par des partenaires externes… Le tout contre un abonnement allant de 1 500 € à 10 000 € par an.

    Les promesses paraissent attractives, la réalité risque de l’être beaucoup moins.

    Les offres relèvent d’actifs atypiques : immobilier à l’étranger (Marrakech, Dubaï…), droits musicaux, cartes Pokémon, altcoins, pré-IPO crypto… avec des rendements annoncés allant de 10 % à 48 % par an, et une illiquidité des placements…

    En tant que conseiller en gestion de patrimoine, ce ne sont pas des produits que je recommanderais à mes clients. Le risque est trop élevé, la transparence limitée, et certains drops reprennent des modèles qui, par le passé, ont conduit à des scandales.

    À cela s’ajoute un point central : l’abonnement, le nerf de la guerre des clubs, la cash machine pour les fondateurs… Le calcul est simple, avec 5 000 membres à 1 500 €, cela représente 7,5M€ de CA annuel. Du coté des investisseurs, pour espérer ne serait-ce qu’amortir 1 500 à 10 000 € de frais annuels, il va devoir engager des montants très importants chaque année. Selon moi, cela limite l’intérêt du club pour la plupart des particuliers.

    Point important : Day One n’est ni CIF, ni PSAN, ni gestionnaire agréé. Le club n’est pas habilité à fournir du conseil en investissement financier : il agit uniquement comme intermédiaire entre ses membres et des prestataires tiers.

    Malgré la notoriété d’Éric Larchevêque et son expertise dans la fintech, Off Market ne me semble pas, pour l’instant, une solution pertinente pour un investisseur. La proposition de valeur n’a pas encore fait ses preuves, les opportunités présentées sont trop risquées, et le coût d’entrée disproportionné pour l’offre.

    Si vous souhaitez vous diversifier dans le non coté ou les actifs alternatifs, des solutions régulées, encadrées et transparentes existent déjà, et ça ne devrait pas passer par un rendement de 48 % par an sur des cartes Pokémon…

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    L'auteur
    Photo Benoît Fruchard

    Benoît Fruchard

    Fondateur de Cleerly - Conseiller en gestion de patrimoine

    Benoît Fruchard est passionné de finances personnelles depuis son plus jeune âge. Après une licence d'économie à l'Université de Nantes puis un Master à l'Université de Bordeaux, il rentre en école de commerce à Rouen. Il a travaillé 2 ans au sein de la BNP Paribas puis 5 ans chez un courtier en ligne. En 2021, il a créé Cleerly, un cabinet en gestion de patrimoine et un site pour démocratiser les finances personnelles... en savoir plus

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