Un travailleur transfrontalier est un actif résident en France et travaillant en Suisse. Votre régime de retraite est donc celui de la Suisse durant votre période d’activité professionnelle dans ce pays. Une question se pose donc légitimement : comment fonctionne le système de retraite Suisse ? Et comment cela fonctionne dans le cas d’une expatriation de France en Suisse ? Cleerly a enquêté afin que vous puissiez profiter des montagnes en toute quiétude.
Comment est calculée la retraite d’un transfrontalier franco-suisse ?
La retraite en Suisse repose sur trois piliers, divisés en deux types de régimes :
- Un système de répartition : l’AVS (Assurance-vieillesse et survivants) qui constitue le 1er pilier.
- Un système de capitalisation : ce système fonctionne sous forme de fonds de pensions, regroupant les 2ème et 3ème piliers du système de retraite en Suisse.
Ainsi, la Suisse prévoit un système de prévoyance qui couvre non seulement la retraite, mais aussi l’invalidité et le décès.
L’AVS (Assurance-vieillesse et survivants) : le premier pilier
L’objectif de l’AVS est de compenser la perte ou la baisse de revenu suite à un événement comme la retraite, l’invalidité ou le décès. Cette allocation permet de garantir un minimum de niveau de vie.
Ce pilier concerne toutes les personnes qui travaillent ou résident en Suisse. Tout le monde doit cotiser à l’AVS. Concrètement, vous commencez à cotiser dès l’année suivant vos 17 ans, jusqu’à l’âge de la retraite. Si vous commencez à travailler après 17 ans, vous cotisez à partir de l’âge de 20 ans.
L’AVS est prélevée directement sur le salaire, et la cotisation est partagée entre l’employeur et le salarié. Ainsi, l’AVS permet de recevoir :
- Une rente de vieillesse (votre retraite).
- Une rente d’invalidité.
- Une pension de réversion en cas de décès, versée à votre conjoint survivant ou à vos enfants mineurs.
La LPP (Prévoyance professionnelle) : le deuxième pilier
En complément de l’AVS, il y a la prévoyance professionnelle. L’objectif de ce pilier est de couvrir une partie du dernier salaire, environ 60%.
Comme l’AVS, la prévoyance professionnelle protège contre les baisses de revenus en cas de décès, d’invalidité et de retraite. Le taux minimum obligatoire est également prélevé directement sur le salaire et le montant est partagé entre salarié et employeur.
Le taux de cotisation est fixé par la caisse de pension, une institution de prévoyance responsable de la gestion de la prévoyance professionnelle des salariés d’une entreprise. Ce taux s’applique sur le salaire de base et permet de calculer le montant mensuel de l’assurance de prévoyance professionnelle à payer.
Il arrive que ce taux soit plus élevé. Si c’est le cas, l’entreprise prend en charge l’excédent, et le salarié ne paie que la part correspondant au minimum légal imposé.
En 2025, les taux de cotisation de la prévoyance professionnelle minimum sont de :
Tranche d’âge | Taux de cotisation LPP appliqué au salarié |
---|---|
Entre 25 et 34 ans | 7% |
Entre 35 et 44 ans | 10% |
Entre 45 et 54 ans | 15% |
Entre 55 et 64 ans | 18% |
La prévoyance facultative : le troisième pilier
La prévoyance de 3ème pilier A ou B est facultative et ouverte uniquement aux résidents suisses. Autrement dit, les travailleurs transfrontaliers non-résidents ne peuvent pas souscrire à une prévoyance de 3ème pilier en Suisse pour obtenir un complément de revenu à la retraite.
Il s’agit de souscrire à des produits proposés par une banque ou une assurance. Ils permettent aux résidents Suisse de défiscaliser et de se constituer une retraite complémentaire.
En 2025, les cotisations de la prévoyance facultative du 3ème pilier A sont déductibles des impôts, dans la limite de 7 258 CHF / an (soit 7 570 €) pour les salariés. Pour les indépendants, le montant des cotisations peut aller jusqu’à 36 288 CHF (337 880 €).
Les fonds restent bloqués jusqu’à 60 ans, soit 5 années avant l’âge de la retraite. De même, les intérêts générés et les bénéfices sont exonérés d’impôts.
Le PER (Plan Épargne Retraite) en France est similaire en fonctionnement du 3ème pilier en Suisse.
Au moment de la retraite, le 3ème pilier offre une rente complémentaire qui s’ajoute à celle de l’AVS et de la LPP.
Le 3ème pilier B concerne uniquement les assurances-vie. Il s’agit d’investir dans des produits financiers intégrés dans un contrat d’assurance-vie. Les intérêts générés par ce type de contrat sont fiscalement exonérés dans certaines situations et certains cantons. Par exemple, à Genève, ils permettent de bénéficier d’une déduction fiscale partielle.
Les fonds du 3ème pilier B sont disponibles au terme du contrat. Contrairement aux contrats d’assurance-vie français, un retrait anticipé entraîne des pénalités plus élevées.
Comment est calculée la retraite d’un salarié ayant travaillé en France et en Suisse ?
Si vous avez travaillé en tant que salarié en Suisse et en France, toutes les périodes seront prises en compte dans le calcul de la pension de retraite. Chaque pays dans lequel vous avez été assuré verse une pension de vieillesse lorsque les conditions sont réunies.
Concrètement, le montant de votre retraite de base est déterminé d’après un double calcul réalisé par chaque pays dans lequel vous avez cotisé, à savoir :
- Un calcul de la retraite dite « nationale » calculé par la France
- Un calcul de la retraite dite « européenne » qui tient compte de toutes les activités effectuées en France et en Suisse. Par la suite, le montant est rapporté à la durée réellement effectuée dans le ou les régimes de retraite concernés au niveau national.
Par comparaison, c’est le montant le plus élevé qui sera automatiquement attribué.
La formule de calcul de retraite en France est la suivante :
Salaire annuel moyen ou revenu annuel moyen (moyenne de vos 25 meilleures années) X Taux (il varie de 37,5% à 50% selon votre nombre de trimestres total) X Nombres de trimestres acquis/ Nombre de trimestres requis.
Comment est calculée la retraite d’un expatrié résident en Suisse ?
Lorsque vous avez travaillé entièrement en France mais que vous souhaitez habiter en Suisse pendant votre retraite, vous dépendez du système français. Vous avez acquis vos droits à la retraite dans le ou les régimes auxquels vous étiez affiliés.
La retraite se calcule en prenant en compte les deux régimes suivants :
- Le régime de base, en général de la CNAV :
- Il se calcule sur le salaire des 25 meilleures années en France
- Du taux de liquidation
- De la durée de cotisation, c’est-à-dire les trimestres validés en France
- Le régime complémentaire, en général l’AGIRC-ARRCO pour les salariés du privé :
- Il se calcul sur le nombre de points acquis
- Calcul : nombre de points X valeur du points (1,39 € en 2025)
Il existe de nombreuses autres caisses de retraite différentes ! A vous de vous référer à celle de votre profession.
Comment préparer sa retraite en Suisse ?
Les démarches
Vous pouvez donc en faire la demande de votre retraite auprès des organismes suivants :
- L’AVS suisse, qui transmet à la CNAV française
- Directement en ligne, sur votre espace lassuranceretraite.fr
Les organismes contactés sont bien sûr différents selon si vous avez une retraite suisse, une retraite française ou une retraite mixte.
Résider en Suisse pendant sa retraite
Au niveau fiscal, votre pension française est imposable en France, avec un prélèvement à la source. Votre pension suisse est imposable en Suisse.
Si vous touchez uniquement une pension suisse et n’êtes pas affiliés à la Sécurité Sociale Française, vous êtes exonéré des prélèvements sociaux français (CSG, CRDS, CASA) sur cette pension.
On est affilié à la sécurité sociale du pays dans lequel on a travaillé. Dans le cas d’un travail dans les deux pays, vous êtes affilié au régime suisse, votre pays de résidence.
Les pensions de retraite françaises perçues par des non-résidents fiscaux bénéficient d’un abattement forfaitaire sur le revenu imposable de 10 %, avec un plafond de 3 858 €.
Cet abattement est spécifique à l’impôt sur le revenu.
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