Le système de retraite en Suisse est basé sur un système de répartition et de capitalisation permettant aux travailleurs suisses d’obtenir environ 60% de leur salaire à la retraite. Mais pour obtenir le taux plein, il convient de remplir certaines conditions. Alors comment fonctionne la retraite en Suisse ? Quel est le montant moyen d’une retraite en Suisse ? Comment calculer sa retraite quand on est travailleur transfrontalier ? On fait le point !
Sommaire
Comment fonctionne le système de retraite en Suisse ?
La retraite en Suisse repose sur trois piliers, divisés en deux types de régimes :
- Un système de répartition : l’AVS (Assurance-vieillesse et survivants) qui constitue le 1er pilier.
- Un système de capitalisation : ce système fonctionne sous forme de fonds de pensions, regroupant les 2ème et 3ème piliers du système de retraite en Suisse.
Ainsi, la Suisse prévoit un système de prévoyance qui couvre non seulement la retraite, mais aussi l’invalidité et le décès.
L’AVS (Assurance-vieillesse et survivants) : le premier pilier
L’objectif de l’AVS est de compenser la perte ou la baisse de revenu suite à un événement comme la retraite, l’invalidité ou le décès. Cette allocation permet de garantir un minimum de niveau de vie.
Ce pilier concerne toutes les personnes qui travaillent ou résident en Suisse. Tout le monde doit cotiser à l’AVS. Concrètement, vous commencez à cotiser dès l’année suivant vos 17 ans, jusqu’à l’âge de la retraite. Si vous commencez à travailler après 17 ans, vous cotisez à partir de l’âge de 20 ans.
L’AVS est prélevée directement sur le salaire, et la cotisation est partagée entre l’employeur et le salarié. Ainsi, l’AVS permet de recevoir :
- Une rente de vieillesse (votre retraite).
- Une rente d’invalidité.
- Une pension de réversion en cas de décès, versée à votre conjoint survivant ou à vos enfants mineurs.
La LPP (Prévoyance professionnelle) : le deuxième pilier
En complément de l’AVS, il y a la prévoyance professionnelle. L’objectif de ce pilier est de couvrir une partie du dernier salaire, environ 60%.
Comme l’AVS, la prévoyance professionnelle protège contre les baisses de revenus en cas de décès, d’invalidité et de retraite. Le taux minimum obligatoire est également prélevé directement sur le salaire et le montant est partagé entre salarié et employeur.
Le taux de cotisation est fixé par la caisse de pension, une institution de prévoyance responsable de la gestion de la prévoyance professionnelle des salariés d’une entreprise. Ce taux s’applique sur le salaire de base et permet de calculer le montant mensuel de l’assurance de prévoyance professionnelle à payer.
Il arrive que ce taux soit plus élevé. Si c’est le cas, l’entreprise prend en charge l’excédent, et le salarié ne paie que la part correspondant au minimum légal imposé.
En 2024, les taux de cotisation de la prévoyance professionnelle minimum sont de :
Tranche d’âge | Taux de cotisation LPP appliqué au salarié |
---|---|
Entre 25 et 34 ans | 7% |
Entre 35 et 44 ans | 10% |
Entre 45 et 54 ans | 15% |
Entre 55 et 64 ans | 18% |
La prévoyance facultative : le troisième pilier
La prévoyance de 3ème pilier A ou B est facultative et ouverte uniquement aux résidents suisses. Autrement dit, les travailleurs transfrontaliers non-résidents ne peuvent pas souscrire à une prévoyance de 3ème pilier en Suisse pour obtenir un complément de revenu à la retraite.
Il s’agit de souscrire à des produits proposés par une banque ou une assurance. Ils permettent aux de défiscaliser et de se constituer une retraite complémentaire.
En 2024, les cotisations de la prévoyance facultative du 3ème pilier A sont déductibles des impôts, dans la limite de 7 056 CHF (soit 7 113 €) pour les salariés. Pour les indépendants, le montant des cotisations peut aller jusqu’à 35 280 CHF (35 563 €).
Les fonds restent bloqués jusqu’à 60 ans, soit 5 années avant l’âge de la retraite. De même, les intérêts générés et les bénéfices sont exonérés d’impôts.
Le PER (Plan Épargne Retraite) en France est similaire en fonctionnement du 3ème pilier en Suisse.
Au moment de la retraite, le 3ème pilier offre une rente complémentaire qui s’ajoute à celle de l’AVS et de la LPP.
Le 3ème pilier B concerne uniquement les assurances-vie. Il s’agit d’investir dans des produits financiers intégrés dans un contrat d’assurance-vie. Les intérêts générés par ce type de contrat sont fiscalement exonérés dans certaines situations et certains cantons. Par exemple, à Genève, ils permettent de bénéficier d’une déduction fiscale partielle.
Les fonds du 3ème pilier B sont disponibles au terme du contrat. Contrairement aux contrats d’assurance-vie français, un retrait anticipé entraîne des pénalités plus élevées.
Quel est le montant moyen de la retraite en Suisse ?
L’âge légal de la retraite en Suisse est de 65 ans pour les hommes et de 64 ans pour les femmes.
Pour percevoir une retraite à taux plein en Suisse, il faut :
- Avoir effectué des versements continus depuis l’âge de 20 ans jusqu’à la retraite soit au moins pendant 44 ans
- Avoir perçu un revenu annuel moyen d’au moins CHF 88 200 (89 186 €) corrigé de l’inflation
Autrement dit, le montant de la rente vieillesse dépend du montant total du revenu ainsi que du nombre d’années de cotisation.
En 2023, la rente AVS minimale et maximale par mois :
AVS minimum | 1 225 francs |
AVS maximum | 2 450 francs |
AVS maximum pour un couple | 3 675 francs |
Pour les couples mariés, le plafonnement s’applique à la rente AVS. La rente AVS totale d’un couple peut atteindre au maximum 150% de la rente maximale pour les célibataires. Les deux rentes sont réduites de manière proportionnelle et versées séparément.
En 2022, le montant moyen de la retraite prise à l’âge légale en Suisse :
Rente moyenne Suisse | Homme | Femme |
---|---|---|
AVS | 1 946 CHF | 1 774 CHF |
Prévoyance professionnelle | 2 153 CHF | 1 333 CHF |
Comment est calculée la retraite d’un transfrontalier franco-suisse ?
L’affiliation au système de retraite Suisse dépend de votre statut :
- Expatrié résident : Vous dépendez du système de retraite Suisse. Toutefois, si l’employeur a son siège social en France, il peut décider de souscrire un système de retraite français qui vient en plus du système Suisse.
- Travailler transfrontalier : Vous travaillez en Suisse et résidez en France ou dans un pays européen limitrophe, alors vous dépendez du régime de retraite Suisse au cours de votre activité professionnelle en Suisse.
- Travailleur détaché : vous êtes en mission en Suisse pour une durée limitée, maximum deux ans pour le compte de votre entreprise dont le siège social est en France par exemple, alors vous dépendez du système de retraite français.
Le calcul de la retraite mixte Suisse et France
Si vous avez travaillé en tant que salarié en Suisse et en France, toutes les périodes seront prises en compte dans le calcul de la pension de retraite. Chaque pays dans lequel vous avez été assuré verse une pension de vieillesse lorsque les conditions sont réunies.
Concrètement, le montant de votre retraite de base est déterminé d’après un double calcul réalisé par chaque pays dans lequel vous avez cotisé, à savoir :
- Un calcul de la retraite dite « nationale » calculé par la France
- Un calcul de la retraite dite « européenne » qui tient compte de toutes les activités effectuées en France et en Suisse. Par la suite, le montant est rapporté à la durée réellement effectuée dans le ou les régimes de retraite concernés au niveau national.
Par comparaison, c’est le montant le plus élevé qui sera automatiquement attribué.
Pour rappel, en France, le calcul de la retraite tient compte :
- De revenu ou salaire annuel moyen des 25 meilleures années
- Du taux c’est-à-dire 50% maximum du revenu ou salaire annuel moyen.
- Le nombre de trimestres acquis
La formule de calcul de retraite en France est la suivante :
Salaire annuel moyen ou revenu annuel moyen (moyenne de vos 25 meilleures années) X Taux (il varie de 37,5% à 50% selon votre nombre de trimestres total) X Nombres de trimestres acquis/ Nombre de trimestres requis.
En revanche, la retraite européenne est calculée en deux temps :
- Tout d’abord il calcule la retraite théorique. Pour cela, il totalise toutes les périodes validées dans tous les États de l’UE pour calculer la retraite à laquelle vous auriez pu avoir droit si vous les aviez accomplies en France.
- Ensuite, cette retraite théorique est réduite par chaque régime en proportion des seules périodes qui la concerne.
Mais pour comprendre la théorie, passons à un exemple concret !
Exemple de calcul d’une retraite mixe française et Suisse
Imaginons une personne née en 1955. Pour avoir une retraite à taux plein en France, il lui faut 166 trimestres. Elle a travaillé pendant 6 ans en Suisse (24 trimestres) et 37 ans en France soit (148 trimestres) soit un total de 172 trimestres. Son salaire annuel moyen est de 25 000 €.
Taux annuel minoré pour la France puisqu’il manque 18 trimestres : 38.75 %
Taux plein pour la totalité des trimestres : 50%
- Calcul de la retraite nationale : 25 000 € x 38,75 % x 148/166 = 8 637 €
- Calcul de la retraite européenne : 25 000 € x 50% x (166/166) x(148/166) = 11 144 €
Dans cet exemple, c’est le montant de la retraite européenne qui sera donc retenue.
Déterminer le montant des pensions de retraite en avance peut s’avérer compliqué pour un transfrontalier. Cela implique de connaître les modes de fonctionnement des systèmes de retraite des pays dans lesquels vous cotisez. En ce sens, les retraites des frontaliers s’apparentent à celles des expatriés.
Quelles sont les démarches pour percevoir sa retraite en Suisse ?
Si vous êtes un futur retraité frontalier résidant en France, il convient d’accomplir ses démarches auprès des caisses de retraite française. En effet, que vous ayez réalisé tout ou partie de votre carrière en Suisse, vous devez adresser votre demande à la CARSAT (caisse d’assurance retraite et de la santé du travail) de votre lieu de résidence.
Si vous habitez en Ile-de-France, il faut contacter la CNAV. L’organisme établira un formulaire européen E202 qu’il transmettra à la caisse de compensation en Suisse.
La demande doit être réalisée au moins 6 mois avant la date de départ à la retraite. Ce délai permet ainsi à la caisse de retraite de comptabiliser vos trimestres et de déterminer le montant de votre pension comme nous l’avons vu précédemment.
Comment préparer sa retraite en Suisse ?
Si vous décidez de vous installer en Suisse pour y passer votre retraite, vous devez dans un premier temps prévenir toutes vos caisses de retraite afin de leur communiquer votre adresse. Si vous faites dépendez du régime général pour l’assurance retraite, cette démarche se fait auprès de la CARSAT.
Vous ne pouvez pas percevoir l’ASPA (allocation de solidarité des personnes âgées) depuis l’étranger.
Ainsi pour résider en Suisse à votre retraite, vous devez demander un permis de résident B-CE à l’office cantonal des migrations de votre futur lieu de résidence, il vous sera accordé pour 5 ans renouvelables automatiquement sous réserve des conditions suivantes :
- Détenir des ressources suffisantes, environ 50 000 CHF (50 636 €)
- Ne pas exercer d’activité en Suisse
- Résider en Suisse au moins 180 jours par an
Le permis B-CE concerne également votre conjoint, vos enfants, voire vos parents s’ils dépendent financièrement de vous. En outre, il vous permet de circuler librement dans tous les cantons de Suisse et d’acquérir des biens immobiliers.
D’autres parts, en devenant résident Suisse à la retraite, vous permet de bénéficier du forfait fiscal. Concrètement, vous n’êtes pas imposé sur vos revenus, mais sur la valeur de votre logement ou de votre loyer. Pour cela, vous ne devez pas avoir travaillé en Suisse les 10 dernières années.
La retraite est une étape importante qui demande de s’y préparer quelques années avant. Déjà, pour pallier la perte de revenus, mais aussi afin d’optimiser votre fiscalité et de préparer la transmission de vos biens. Par conséquent, réaliser un bilan patrimonial peut alors s’avérer judicieux afin d’anticiper votre retraite en Suisse sereinement.