Le SMIC, ou Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance, représente le revenu de nombreux travailleurs en France. Lorsqu’on a passé l’essentiel de sa carrière rémunéré à ce niveau, la question de la retraite devient primordiale : combien toucherez-vous à la retraite si vous avez travaillé toute votre vie au SMIC ? Quels dispositifs existent pour compléter vos revenus ? On fait le point !
Sommaire
Quel est le montant d’une retraite pour un SMIC ?
Le montant mensuel d’une pension de retraite d’une personne ayant été au SMIC toute sa vie est de 1 017,80 € brut soit environ 925,18 € par mois.
Pour calculer le montant d’une pension de retraite au SMIC, vous devez tenir compte de la retraite de base, la retraite complémentaire, mais aussi du minimum contributif.
La retraite de base
La retraite de base est calculée en fonction des 25 meilleures années de salaire. La première étape consiste donc à déterminer le salaire annuel moyen (SAM). Ainsi, si vous avez travaillé au SMIC, cette estimation tient compte de l’évolution annuelle de la valeur du SMIC sur 25 ans, soit un montant proche de 16 500 € brut par an.
Ensuite il convient de déterminer le taux de liquidation qui dépend du nombre de trimestres cotisés. En effet, pour obtenir le taux plein de 50% du SAM, vous devez avoir le nombre de trimestres suffisant en fonction de votre année de naissance. Par exemple, pour les personnes nées après 1973, il faut 172 trimestres.
S’il vous manque des trimestres il faut appliquer une décote de 0,625% par trimestre manquant. En revanche, si vous avez des trimestres supplémentaires vous devez appliquer une surcote de 1,25%.
Par la suite, pour calculer le montant de la pension annuelle brute, vous devez appliquer la formule suivante :
Pension annuelle de base=SAM x Taux de liquidation x (nombres de trimestres validés / nombres de trimestres requis)
La retraite complémentaire
Lorsque vous travaillez au SMIC, vous cotisez obligatoirement à l’AGIRC-ARRCO, qui gère la retraite complémentaire des salariés du privé. Concrètement, vous accumulez des points tout au long de votre carrière. Le nombre de points dépend de votre salaire et des cotisations versées.
Ainsi, si vous avez été salarié au SMIC durant toute votre vie active, vous cotisez à hauteur de 7,87 % de votre salaire brut (3,15 % à votre charge et 4,72 % à la charge de votre employeur). Cependant, vous n’acquérez des points que sur 6,2 % de ce montant.
En règle générale , un salarié au SMIC acquiert environ 65 points de retraite complémentaire par an.
Pour connaître le montant de la retraite complémentaire, il faut donc multiplier le nombre de points par la valeur du point en vigueur au moment de la retraite. En 2024, la valeur du point est de 1,4173 €.
Vous pouvez connaître votre nombre de points via votre espace personnel de l’AGIRC-ARCCO.
Calcul de la pension de retraite pour un SMIC
Prenons une personne ayant travaillé au SMIC toute sa vie et qui a tous les trimestres nécessaires lors de son départ à la retraite :
- Salaire annuel moyen : 16 500 €
- Taux de liquidation : 50 % soit le taux plein
- Nombres de trimestres validés = 172
- Nombres de trimestres requis = 172
Le montant annuel brut de la retraite est de : 16 500 x 50% x (172 / 172) = 8 250 € soit 687,50 € brut par mois.
À cela s’ajoute, le montant de la retraite complémentaire. Comme nous l’avons vu, un salarié au Smic gagne 65 points par an.
Ainsi pour 172 trimestres soit 43 ans de travail, il aura accumulé 2 795 points (65 points par an x 43 ans).
Le montant annuel de la retraite complémentaire pour un smicard est donc de : 2 795 x 1,4173 € = 3 963,63 €. Soit 330,30 € brut par mois.
En conclusion, le montant mensuel d’une pension de retraite d’une personne au SMIC est de 1 017,80 € brut soit environ 925,18 € par mois.
N’hésitez pas à utiliser notre simulateur gratuit pour estimer le montant de votre pension de retraite !
Qu’est-ce que le minimum contributif ?
Le minimum contributif est un mécanisme qui garantit un montant minimal de retraite de base pour les personnes ayant cotisé au régime général de la Sécurité sociale, mais dont la pension est inférieure à un certain seuil.
Pour percevoir le minimum contributif, plusieurs conditions doivent être remplies, à savoir :
- Avoir cotisé suffisamment de trimestres : pour bénéficier du minimum contributif, vous devez avoir cotisé au moins 120 trimestres au régime général de la Sécurité sociale ou à d’autres régimes assimilés (soit 30 ans de cotisation).
- Liquider toutes les pensions : vous devez avoir liquidé toutes vos pensions de retraite (de base et complémentaire) pour bénéficier du minimum contributif.
- Avoir une pension de retraite inférieure à un certain plafond : le total de vos pensions de retraite (base + complémentaire) ne doit pas dépasser un certain montant. En 2024, ce plafond est fixé à 1 273,76 € brut par mois. Si vos pensions dépassent ce montant, vous ne pouvez pas percevoir le minimum contributif.
- Ne pas bénéficier d’autres dispositifs : le minimum contributif ne se cumule pas avec l’Allocation de Solidarité aux Personnes âgées (ASPA). Vous devez choisir l’un des deux dispositifs si vous êtes éligible aux deux.
Le minimum contributif n’impose pas de conditions strictes de résidence en France, mais vous devez avoir cotisé à un régime de retraite français.
D’autre part, le montant du minimum contributif est de 747,57 € brut par mois en 2024 (majoré à 892,49 € pour ceux ayant cotisé au moins 120 trimestres).
Concrètement, si la somme de vos pensions de retraite de base et complémentaire est inférieure à 1 273,76 €, et que vous remplissez les conditions d’éligibilité, vous pourriez bénéficier du minimum contributif pour compléter votre pension de retraite de base jusqu’à atteindre 747,57 € ou 892,49 € par mois.
Qu’est-ce que l’ASPA ?
L’Allocation de Solidarité aux Personnes âgées (ASPA) est une aide financière destinée à garantir un revenu minimum aux personnes âgées ayant de faibles ressources. Cette allocation, anciennement appelée « minimum vieillesse », est attribuée par l’État français et vise à assurer un niveau de vie décent pour les personnes âgées de 65 ans et plus (ou 62 ans en cas d’invalidité), dont les revenus sont insuffisants.
En 2024, le montant maximum de l’ASPA est de :
- 961,08 € par mois pour une personne seule.
- 1 492,08 € par mois pour un couple.
Ces montants sont versés en totalité aux bénéficiaires et ne sont pas soumis à des prélèvements sociaux.
Pour bénéficier de l’ASPA, vous devez remplir les conditions suivantes :
- Âge minimum : vous devez avoir au moins 65 ans pour bénéficier de l’ASPA. Cependant, l’âge minimum est abaissé à 62 ans pour les personnes reconnues inaptes au travail, les anciens combattants, ou les mères de famille ayant élevé au moins trois enfants.
- Résidence en France : vous devez résider de manière stable et régulière en France, soit au moins 6 mois par an.
- Conditions de ressources : vos revenus ne doivent pas dépasser certains plafonds. En 2024, le plafond de ressources pour bénéficier de l’ASPA est fixé à 11 543,71 € par an pour une personne seule (soit environ 961,08 € par mois) et 17 903,35 € par an pour un couple (soit environ 1 492,08 € par mois).
D’autre part, l’ASPA est récupérable sur la succession du bénéficiaire si l’actif net de la succession dépasse 39 000 €. Cela signifie que l’État peut récupérer tout ou partie des sommes versées au titre de l’ASPA sur le patrimoine laissé par le bénéficiaire après son décès.
Vu le montant de la retraite à taux plein pour un Smicard, il est judicieux de se demander ce qui est le plus intéressant entre le minimum contributif et l’ASPA. Le choix entre les deux dépend de vos priorités. En effet, l’ASPA peut vous permettre de percevoir un revenu plus élevé, mais ce montant est récupérable sur la succession ce qui peut léser vos héritiers selon votre patrimoine.
Voici un tableau comparatif entre l’ASPA (Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées) et le minimum contributif pour vous aider à comprendre les différences entre ces deux dispositifs :
Critères | ASPA | Minimum Contributif |
---|---|---|
Nature | Aide sociale destinée à garantir un revenu minimum. | Prestation de retraite basée sur les cotisations. |
Montant mensuel maximum (2024) | 961,08 € nets pour une personne seule (pas de prélèvements sociaux) | 747,57 € brut pour ceux ayant cotisé au moins 120 trimestres |
Conditions d’éligibilité | Avoir au moins 65 ans (ou 62 en cas d’invalidité). Résider en France. Ressources inférieures au plafond. | Avoir cotisé au moins 120 trimestres. Total des pensions (base + complémentaire) inférieur à 1 273,76 € brut par mois. |
Récupération sur succession | Oui, si l’actif net de la succession dépasse 39 000 €. | Non, aucune récupération sur succession. |
Cumul avec autres pensions | Non cumulable avec d’autres aides | Cumulable avec la retraite de base, sous condition que le total reste sous le plafond de 1 273,76 € brut. |
Objectif | Garantir un revenu minimum aux personnes âgées ayant de faibles ressources. | Assurer un minimum de pension de retraite pour les personnes ayant eu de faibles revenus tout au long de leur carrière. |
Montant net reçu | Identique au montant brut, aucun prélèvement social. | Montant brut soumis aux prélèvements sociaux (CSG, CRDS, CASA). |
Revalorisation | Revalorisé annuellement en fonction de l’évolution des prix. | Revalorisé régulièrement, en lien avec les évolutions des pensions de retraite. |
Comment améliorer sa retraite lorsque l’on a travaillé au SMIC ?
Pour les salariés ayant travaillé au SMIC toute leur vie, il existe plusieurs stratégies pour améliorer le montant de leur retraite.
Prolonger la durée de travail
Continuer de travailler au-delà de l’âge légal de la retraite permet de bénéficier d’une surcote.
Chaque trimestre travaillé après l’âge légal augmente la pension de base de 1,25 %, ce qui peut avoir un impact sur le montant total de la retraite.
Cumuler emploi et retraite
Le cumul emploi-retraite permet de continuer à percevoir un salaire en plus de sa pension.
Cette stratégie est particulièrement avantageuse pour ceux qui souhaitent augmenter leur revenu global tout en restant actifs.
Épargner en complément
L’épargne complémentaire est une stratégie essentielle pour augmenter ses revenus à la retraite, surtout lorsqu’on a cotisé sur la base d’un SMIC. Voici les différentes options et dispositifs d’épargne qui peuvent vous aider à compléter votre pension :
- Le Plan d’Épargne Retraite (PER) : Il s’agit d’un dispositif d’épargne à long terme conçu spécifiquement pour préparer la retraite. Il est possible d’y verser des sommes régulièrement tout au long de la carrière, avec des avantages fiscaux intéressants. Le PER permet d’investir aussi bien en fonds euros afin de sécuriser votre épargne que dans des produits financiers permettant d’optimiser la performance de vos placements sur le long terme. En effet, les versements effectués sur un PER sont déductibles du revenu imposable, ce qui permet de réduire votre impôt sur le revenu pendant la période d’activité. À l’âge de la retraite, vous pouvez choisir de recevoir les fonds sous forme de rente viagère ou de capital. Cette souplesse permet de mieux adapter vos revenus à vos besoins.
- L’assurance-vie : dispositif d’épargne très populaire en France, il offre à la fois des avantages fiscaux et une grande souplesse. Bien que ce ne soit pas spécifiquement conçu pour la retraite, il peut être utilisé comme un complément efficace à celle-ci. Après huit ans, vous bénéficiez d’une fiscalité réduite. De plus, les intérêts et les plus-values sont soumis à une imposition allégée, ce qui est intéressant pour optimiser ses revenus à la retraite. D’autre part, vous pouvez effectuer des retraits partiels ou totaux à tout moment, ce qui en fait un outil souple pour compléter vos revenus à la retraite.
- Le Plan d’Épargne en Actions (PEA) : Il s’agit d’un compte permettant d’investir dans des actions françaises et européennes avec des avantages fiscaux à la clé. Bien qu’il soit plus risqué, il peut offrir des rendements supérieurs sur le long terme. Les gains réalisés (dividendes, plus-values) sont exonérés d’impôt après cinq ans, seule la CSG reste due.
Un conseiller en gestion de patrimoine peut vous aider à évaluer vos options et à mettre en place une stratégie personnalisée pour améliorer votre situation financière à la retraite.
Vérifier et optimiser ses droits sociaux
Les retraités percevant de faibles pensions peuvent bénéficier de plusieurs aides pour améliorer leur niveau de vie, à savoir :
- La complémentaire Santé Solidaire (CSS) : la Complémentaire Santé Solidaire permet aux personnes ayant de faibles revenus de bénéficier d’une complémentaire santé gratuite ou à faible coût, couvrant les frais de santé non pris en charge par l’Assurance Maladie.
- Les Aides au logement : les retraités peuvent également bénéficier d’aides au logement, comme l’APL (Aide Personnalisée au Logement) ou l’ALS (Allocation de Logement Sociale), qui sont calculées en fonction des revenus et du type de logement.
- Les aides spécifiques : les personnes âgées à faibles revenus peuvent bénéficier de chèque énergie ou de réductions fiscales.
Ces stratégies peuvent contribuer à améliorer votre niveau de vie à la retraite, même avec une pension basée sur le SMIC. Il est recommandé de planifier ces actions bien avant l’âge de la retraite pour maximiser leurs effets.