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Family buy out : le guide complet pour transmettre sereinement son patrimoine !

Benoît Fruchard

Posté par

Benoît Fruchard

Mis à jour le

13 août 2025

Sommaire

    Et si vous pouviez transmettre votre entreprise ou votre patrimoine immobilier tout en gardant le contrôle, en optimisant la fiscalité, et en préservant l’équilibre familial ? C’est exactement ce que permet le Family Buy Out (FBO) : un outil peu connu, mais très efficace pour organiser une transmission en douceur. Comment ça fonctionne ? À qui cela s’adresse ? Quels avantages fiscaux ? Je vous explique tout.

    Family buy out et transmission d’entreprise : pour la continuité familiale

    Transmettre son entreprise à ses enfants ou à des salariés clés est souvent un casse-tête. Comment leur permettre de reprendre la société sans disposer immédiatement des fonds nécessaires ? Le family buy out (FBO) offre une réponse structurée et avantageuse, à condition d’en respecter les règles.

    Qu’est-ce qu’un FBO dans le cadre d’une entreprise ?

    Dans un FBO, le dirigeant cède ses parts à une holding familiale créée par ses héritiers (souvent un ou plusieurs enfants) ou ses salariés. Cette société, financée par emprunt bancaire, rachète les titres de la société d’exploitation. On parle alors de cession à soi-même, mais dans un cadre juridique et fiscal totalement encadré.

    Le FBO permet ainsi de :

    • Financer la reprise de l’entreprise par les héritiers ou salariés,
    • Assurer l’égalité entre enfants grâce à une soulte versée aux non-repreneurs,
    • Et optimiser la fiscalité de la transmission.

    C’est une stratégie particulièrement pertinente lorsque :

    • Un seul enfant souhaite reprendre l’activité,
    • Les autres souhaitent uniquement recevoir une part équitable du patrimoine,
    • Ou que le chef d’entreprise veut commencer à se retirer en douceur tout en sécurisant l’avenir de son entreprise

    Les conditions pour sécuriser l’opération

    Le family buy out n’est pas un montage improvisé. Pour que l’opération soit juridiquement sécurisée et fiscalement optimisée, plusieurs conditions doivent être réunies. En voici les principales.

    Une structuration via une holding

    Le schéma classique repose sur la création d’une holding familiale par les repreneurs (enfants ou salariés). Cette société rachète les titres de l’entreprise opérationnelle, généralement par le biais d’un emprunt bancaire. Ce rachat permet :

    • au cédant (parent) de percevoir un capital immédiat,
    • aux repreneurs de devenir propriétaires progressivement,
    • et à la famille de conserver le contrôle de l’entreprise via la holding.

    Ce montage peut être combiné avec une donation préalable des titres à un enfant repreneur, qui versera une soulte à ses frères et sœurs pour les indemniser, souvent via cette même holding .

    Le recours au pacte Dutreil

    Pour bénéficier d’une exonération de 75 % des droits de donation ou de succession, le family buy out peut s’appuyer sur le pacte Dutreil, à condition que :

    • la société ait une activité éligible (commerciale, industrielle, artisanale, libérale, agricole ou holding animatrice) ;
    • un engagement collectif (ou réputé acquis) de conservation des titres soit souscrit pendant au moins 2 ans ;
    • un des donataires (souvent l’enfant repreneur) exerce une fonction de direction effective pendant les 3 années suivant la transmission .

    Cette exonération peut être complétée par une réduction de 50 % des droits si la transmission est effectuée en pleine propriété avant les 70 ans du donateur .

    Une attention particulière à la répartition du capital

    Dans les cas où une soulte est versée aux héritiers non repreneurs, la conservation du régime Dutreil peut être menacée si la détention capitalistique devient déséquilibrée. En effet, pour que la holding conserve le bénéfice de l’exonération :

    • les donataires doivent contrôler au moins 50 % du capital et des droits de vote,
    • la holding doit détenir plus de 50 % de participations dans la société opérationnelle,
    • la fonction de direction doit être exercée par un membre soumis aux obligations de conservation .

    En pratique, il faut donc modéliser soigneusement l’opération avant toute mise en œuvre, notamment en analysant les flux de trésorerie positifs futurs et les effets du financement bancaire sur l’équilibre patrimonial.

    Optimisation fiscale du family buy out en entreprise

    L’un des grands atouts du family buy out repose sur la maîtrise de la fiscalité au moment de la transmission. Bien structuré, ce montage permet de réduire très fortement le coût des droits de donation, sans pour autant priver le cédant de liquidités. Voici les leviers fiscaux à mobiliser.

    L’exonération partielle grâce au pacte Dutreil

    Comme nous l’avons dit au dessus, le pacte Dutreil permet d’exonérer 75 % de la valeur des titres transmis pour le calcul des droits de mutation à titre gratuit (DMTG). Ce dispositif s’applique aussi bien à une donation qu’à une succession.

    Par exemple, pour une société valorisée à 3 millions d’euros, un parent qui transmettrait 40 % des parts à ses enfants en nue-propriété pourrait ramener la base taxable de 1,2 million à 300 000 €, avant abattement. Dans de nombreux cas, cela permet même une transmission sans aucun droit à payer .

    La réduction de 50 % des droits en cas de donation avant 70 ans

    Lorsque le family buy out est mis en place via une donation en pleine propriété par un donateur âgé de moins de 70 ans, une réduction supplémentaire de 50 % des droits de donation s’applique. Cette mesure est particulièrement avantageuse pour les dirigeants souhaitant amorcer leur retrait de l’entreprise tout en optimisant la fiscalité .

    L’abattement spécifique pour les salariés

    Dans le cas d’un FBO impliquant des salariés repreneurs, un abattement forfaitaire de 500 000 € (au lieu de 300 000 € auparavant) peut s’appliquer, sous certaines conditions :

    • le salarié est en CDI à temps plein depuis au moins 2 ans ;
    • il exerce une activité effective dans l’entreprise comme activité principale pendant 5 ans après la transmission ;
    • la donation est réalisée en pleine propriété .

    Ce dispositif peut être combiné avec le pacte Dutreil, mais de façon partielle uniquement : seul le fonds (fonds de commerce, clientèle, etc.) bénéficie du double avantage. Les autres actifs (immobiliers notamment) sont exclus du cumul.

    Coût final maîtrisé

    En cumulant ces dispositifs (Dutreil + réduction de 50 %), le coût fiscal d’une transmission d’entreprise peut descendre en dessous de 2 % de la valeur transmise. À comparer avec un taux de droit de donation standard pouvant atteindre 45 % en ligne directe… la différence est énorme et permet surtout de maintenir l’entreprise dans un giron familial ou auprès de salariés volontaires et motivés.

    Cas d’usage pratiques

    Le family buy out est un outil particulièrement souple, capable de s’adapter à de nombreuses situations. Voici trois cas concrets pour mieux en comprendre les enjeux, les avantages et les points de vigilance.

    Cas 1 : Un seul enfant repreneur

    Monsieur Petrus détient 100 % de son entreprise valorisée à 10 millions d’euros. Il a trois enfants, mais seule sa fille cadette souhaite reprendre l’activité. Plutôt que de procéder à une donation égalitaire, qui mettrait sa fille en situation de minorité capitalistique, il opte pour un family buy out avec soulte.

    Il transmet 60 % des titres à sa fille en pleine propriété, qui compense ses frères par une soulte égale à deux tiers de la valeur reçue. Pour cela, elle apporte les titres à une holding qui contracte un emprunt bancaire, remboursé grâce aux dividendes remontés par la société opérationnelle.

    Ce schéma permet :

    • de respecter l’équité familiale (via la soulte),
    • de maintenir le contrôle dans les mains de la fille repreneuse,
    • et de bénéficier de l’exonération Dutreil sur la totalité de l’opération, y compris la soulte .

    Cas 2 : Transmission mixte enfants / salariés

    Madame Romanée est fondatrice d’une PME valorisée à 3 millions d’euros. Divorcée, elle a deux enfants dont un mineur, et souhaite associer trois salariés clés à la reprise. Elle prévoit :

    • une donation en nue-propriété de 40 % des titres à ses enfants,
    • une donation en pleine propriété de 3 % à chacun des trois salariés.

    Grâce au pacte Dutreil :

    • les enfants ne paient aucun droit (abattement + exonération),
    • les salariés ne paient qu’environ 6 000 € chacun sur une valeur de 90 000 €, soit un taux effectif de moins de 7 % .

    Cette opération renforce la stabilité de la gouvernance future et assure la transmission familiale tout en valorisant les collaborateurs stratégiques.

    Cas 3 : Apport à holding sans donation

    Monsieur Yquem, 69 ans, souhaite transmettre son entreprise à ses enfants mais en gardant le contrôle jusqu’à sa retraite. Il opte pour une transmission avec engagement réputé acquis, ce qui lui permet de ne pas signer d’engagement collectif de conservation.

    Ses enfants reçoivent les titres via un apport à une holding qu’ils contrôlent. L’un d’eux prend immédiatement une fonction de direction, ce qui déclenche l’application du régime Dutreil sans remise en cause, même si le père conserve un rôle de président.

    Ce schéma lui permet de :

    • anticiper sa succession tout en restant dirigeant temporairement,
    • transmettre à moindre coût (exonération de 75 %),
    • préparer une gouvernance familiale pérenne .

    Le family buy out en immobilier : une stratégie aussi pertinente mais peu utilisée

    Le family buy out ne se limite pas à la transmission d’entreprise. Il peut aussi être utilisé pour transmettre un patrimoine immobilier locatif à ses héritiers, tout en dégageant des liquidités pour le cédant et en optimisant la fiscalité. Cette variante, peu connue, s’apparente à une vente à soi-même dans un cadre familial structuré.

    Principe du family buy out immobilier

    Le mécanisme est simple : le propriétaire vend un ou plusieurs biens immobiliers à une société détenue par ses enfants (ou ses héritiers), généralement une SCI, une SARL de famille ou une société en commandite simple. Cette société, nouvellement créée, s’endette auprès d’une banque pour financer l’achat. L’opération repose sur deux piliers :

    • Le(s) bien(s) ne changent pas de main au sens économique : ils restent dans le giron familial.
    • Le(s) loyer(s) générés par les biens permettent de rembourser le crédit, sans apport extérieur.

    Ce mécanisme permet de conserver le patrimoine dans la famille, tout en évitant les écueils d’une succession classique (blocage, indivision, fiscalité élevée).

    Les conditions et les précautions à respecter

    Le family buy out immobilier peut être un outil puissant, mais la mise en place de ce dispositif ne s’improvise pas. Pour qu’il fonctionne juridiquement, économiquement et fiscalement, plusieurs conditions doivent impérativement être respectées.

    Le bien transmis doit être un investissement locatif

    Il est impossible de réaliser un FBO immobilier sur une résidence principale ou secondaire. Le ou les biens concernés doivent être affectés à la location, de manière à générer des revenus réguliers. Ce sont ces loyers qui serviront à rembourser le crédit contracté par la société familiale.

    Sans flux locatif, l’opération n’est ni viable financièrement, ni finançable par une banque .

    L’opération doit être réalisée à sa juste valeur

    Il n’est pas question de vendre le bien à un prix symbolique à ses enfants. La vente doit être effectuée à la valeur réelle du marché, déterminée par un expert indépendant agréé, afin :

    • de sécuriser l’opération sur le plan fiscal (éviter une requalification en donation déguisée),
    • de rassurer la banque sur le niveau de garantie de l’actif,
    • de prévenir tout litige ultérieur entre héritiers.

    Les héritiers doivent être majeurs et impliqués

    La société repreneuse doit être contrôlée par des héritiers majeurs, capables d’assumer les responsabilités d’un emprunt et la gestion d’un actif immobilier. Cela suppose une bonne entente familiale, un minimum de compétences (ou d’accompagnement) et une volonté réelle d’assurer la transmission dans de bonnes conditions.

    La société doit être juridiquement adaptée

    Le choix du véhicule juridique dépend du type d’actif immobilier transmis :

    • SARL de famille : adaptée aux logements meublés, avec option à l’IR,
    • SCI à l’IS ou IR : pour les logements nus ou certaines stratégies fiscales spécifiques,
    • Société en commandite simple (SCS) : envisageable pour des profils mixtes ou plus complexes,
    • Société patrimoniale existante : si elle est déjà détenue par la famille.

    Le type de société conditionne à la fois le régime fiscal applicable, les possibilités de transmission future et la gouvernance.

    Sécuriser l’opération vis-à-vis de l’administration fiscale

    Un family buy out immobilier est une opération atypique. Pour éviter tout risque de requalification (abus de droit, donation déguisée, abus de faiblesse…), il est fortement recommandé de :

    • solliciter un rescrit fiscal en amont : l’administration dispose alors de six mois pour valider ou non le montage ;
    • documenter rigoureusement les étapes, les flux financiers, les évaluations, les objectifs patrimoniaux.

    En cas d’absence de réponse au rescrit (dans les 6 mois), l’opération est considérée comme validée.

    Le choix de la structure sociétaire

    Le succès d’un family buy out immobilier repose en grande partie sur le choix du bon véhicule juridique. Cette structure doit à la fois répondre aux objectifs patrimoniaux de la famille, aux exigences de la banque prêteuse, et au régime fiscal le plus favorable selon le type de bien transmis.

    SARL de famille : pour la location meublée

    C’est la forme la plus adaptée si les biens sont meublés ou s’ils génèrent des revenus soumis à un régime de bénéfices industriels et commerciaux (BIC). En optant pour l’imposition à l’IR, la SARL de famille permet :

    • une transparence fiscale (les revenus sont imposés directement entre les mains des associés),
    • la possibilité d’amortir les biens immobiliers (optimisation fiscale),
    • une gestion plus souple qu’en société soumise à l’IS.

    Attention : la SARL de famille ne peut être constituée qu’entre membres d’une même famille, ce qui en limite l’ouverture.

    SCI à l’IR : pour la location nue ou la simplicité de gestion

    La SCI soumise à l’impôt sur le revenu est souvent choisie pour des locations nues. Elle offre une grande souplesse de fonctionnement et permet une fiscalité simple et transparente. Toutefois, elle n’autorise pas l’amortissement des biens, ce qui peut être un frein en cas de revenus importants.

    Elle est adaptée aux patrimoines familiaux modestes à moyens, lorsqu’il n’y a pas d’enjeux de levier fiscal.

    SCI à l’IS : pour maximiser l’effet de levier

    La SCI à l’impôt sur les sociétés permet d’amortir les biens immobiliers, ce qui réduit fortement le bénéfice imposable, surtout dans les premières années. Elle est bien adaptée aux montages avec emprunt, car elle améliore la capacité de remboursement.

    Mais elle implique :

    • une fiscalité plus lourde à la sortie (taxation sur les plus-values latentes et sur les distributions),
    • des règles de gestion plus rigides.

    SCS ou autre forme sur mesure

    Dans des situations complexes (bâtiments mixtes, associés mineurs, volonté de scinder les pouvoirs économiques et juridiques), une société en commandite simple (SCS) ou une société sur mesure peut être envisagée.

    Le choix dépend alors :

    • de la nature des biens,
    • du profil des héritiers,
    • des objectifs à moyen / long terme (conservation, revente, transmission future…).

    En conclusion, le bon montage dépendra du projet familial

    Il n’existe pas de société idéale universelle, chacune aura des avantages et inconvénients. Le choix de la structure va donc dépendre :

    • du type de bien,
    • de la durée de détention prévue,
    • du niveau d’endettement,
    • et de la stratégie fiscale de la famille.

    Un diagnostic global, réalisé avec un conseiller patrimonial et un avocat fiscaliste, est souvent indispensable pour sécuriser le montage.

    Intérêts patrimoniaux et fiscaux

    Bien au-delà d’un simple outil de transmission, le family buy out immobilier offre une combinaison unique de souplesse juridique, efficacité fiscale et pérennité familiale. Voici les principaux avantages de ce montage lorsqu’il est bien structuré.

    Transmission indirecte avec effet de levier

    Le FBO immobilier permet de transmettre un bien sans donation directe, via la vente à une société familiale contrôlée par les héritiers. Cette structure emprunte pour financer l’achat, créant ainsi un effet de levier patrimonial :

    • Le cédant perçoit un capital immédiatement, sans attendre la succession ;
    • Les enfants montent en puissance progressivement, sans décaissement personnel immédiat ;
    • Le remboursement repose sur les loyers générés par l’actif immobilier, pas sur la fortune des repreneurs.

    Allègement de la base taxable à la succession

    Comme les biens sont cédés de manière anticipée à une société détenue par les enfants, ils ne figurent plus dans l’actif successoral au jour du décès. Cela permet d’éviter une taxation à 20 %, 30 %, voire 45 %, selon les tranches de droits de succession.

    En outre, les parts sociales de la société familiale, détenues depuis plusieurs années, peuvent bénéficier :

    • d’un abattement pour durée de détention,
    • ou d’une valorisation plus faible que l’actif immobilier lui-même, en cas de démembrement ou d’endettement.

    Autonomie de gestion pour les enfants via la société

    La création d’une société familiale confère aux enfants un cadre structuré pour gérer ensemble un patrimoine immobilier :

    • Les règles de gestion, de vote, de revente ou de distribution des revenus sont encadrées par les statuts ;
    • Les parts peuvent être transmises, réorganisées ou intégrées à d’autres stratégies patrimoniales ;
    • En cas de conflit potentiel, la société évite l’indivision ou le blocage qui freinent souvent les successions classiques.

    Le family buy out devient ainsi un outil de gouvernance intergénérationnelle, pas seulement de transmission.

    Cas concrets : des opérations possibles dès 500 000 €

    Le family buy out immobilier s’adapte à des patrimoines très variés, à condition que les biens soient rentables et valorisables. Il ne s’agit pas d’un outil réservé à une élite patrimoniale.

    Voici quelques ordres de grandeur représentatifs :

    • Pour un immeuble de rapport régional d’une valeur de 500 000 à 1 million d’euros, détenu depuis longtemps, un FBO permet à un parent de monétiser la valeur du bien tout en le transmettant à ses enfants via une SCI ou SARL de famille. L’opération peut se faire sans fiscalité excessive si les loyers couvrent l’emprunt contracté.
    • Pour un patrimoine locatif urbain (plusieurs appartements ou un local commercial bien situé), valorisé entre 1 et 5 millions d’euros, le FBO est souvent utilisé pour structurer la détention intergénérationnelle. L’objectif : créer une société familiale pérenne, financer une soulte entre héritiers et éviter les blocages d’indivision.
    • Pour des patrimoines plus importants (plus de 5 millions d’euros), l’approche est similaire mais implique souvent des montages plus sophistiqués (choix de l’IS, démembrement croisé, SCS…). Le FBO devient alors un véritable outil de gestion de fortune, piloté avec un cabinet d’ingénierie patrimoniale.

    Dans tous les cas, le facteur clé de réussite reste le même : une capacité locative suffisante pour assurer la viabilité du crédit et une cohésion familiale autour du projet.

    Les avantages et les limites du family buy out

    Le family buy out, qu’il concerne la transmission d’une entreprise ou d’un patrimoine immobilier, est un outil puissant, stratégique et souple. Mais comme tout mécanisme patrimonial structuré, il comporte aussi des contraintes à ne pas négliger. Voici un aperçu clair de ses atouts… et de ses limites.

    Les principaux avantages

    Transmission anticipée et maîtrisée

    Le FBO permet d’organiser une transmission en amont, selon les souhaits du cédant, sans attendre le décès. Il offre une sortie progressive et permet d’éviter les conflits successoraux fréquents en cas de succession non préparée.

    Conservation des actifs dans le cercle familial

    Contrairement à une cession à un tiers, le family buy out garantit que l’entreprise ou les biens restent entre les mains des héritiers, avec un cadre de gouvernance défini par les statuts de la société créée.

    Liquidités immédiates pour le cédant

    Le cédant perçoit le produit de la vente des titres ou des biens, ce qui lui permet de diversifier son patrimoine, de financer sa retraite ou d’autres projets personnels, sans pression fiscale immédiate (notamment grâce au régime mère-fille ou aux exonérations Dutreil).

    Optimisation fiscale

    Le FBO, lorsqu’il est bien structuré, permet de :

    • bénéficier d’une exonération partielle des droits de donation (jusqu’à 75 %),
    • obtenir une réduction de 50 % des droits si la transmission est réalisée avant 70 ans,
    • réduire la base taxable à la succession,
    • bénéficier d’une fiscalité adoucie sur les dividendes via une société holding.

    Souplesse juridique et adaptabilité

    Le mécanisme s’adapte à des situations très diverses : un seul héritier repreneur, enfants et salariés, présence d’un mineur, indivision à éviter, société de portefeuille animatrice, etc.

    Les limites et points de vigilance

    Complexité technique

    Le family buy out nécessite un montage juridique et fiscal sophistiqué, impliquant souvent plusieurs professionnels : notaire, avocat fiscaliste, ingénieur patrimonial, expert-comptable. Mal préparé, il peut être inefficace ou, pire, contesté.

    Risques de requalification par l’administration

    Si le montage n’est pas justifié économiquement ou si la valorisation des actifs n’est pas rigoureuse, l’administration fiscale peut requalifier l’opération en donation déguisée ou abus de droit. D’où l’intérêt de recourir à un rescrit ou à une expertise indépendante.

    Viabilité économique à démontrer

    La société créée pour le FBO doit pouvoir rembourser son emprunt via les flux (dividendes ou loyers). Sans rentabilité suffisante, l’opération peut mettre en péril le patrimoine familial.

    Maintien des engagements Dutreil

    Le non-respect des conditions du pacte Dutreil (fonction de direction, durée de conservation, seuils de détention…) peut entraîner la remise en cause des exonérations fiscales, parfois plusieurs années après l’opération.

    Déséquilibre possible entre héritiers

    En cas de transmission à un seul enfant repreneur, même avec soulte, le risque de litiges entre enfants existe. L’équilibre entre équité et efficacité économique doit être soigneusement anticipé.

    Comment mettre en place un family buy out ? Les étapes clés

    La réussite d’un family buy out repose autant sur la technique juridique que sur la clarté des objectifs familiaux. Voici les étapes incontournables pour structurer une opération efficace, qu’elle concerne une entreprise ou un patrimoine immobilier.

    Audit patrimonial et familial

    Tout commence par une analyse globale de la situation patrimoniale du cédant, de ses objectifs (désengagement progressif, transmission, génération de liquidités…) et de la composition familiale. Il faut notamment :

    • identifier les héritiers concernés,
    • vérifier leur capacité à s’impliquer dans le projet (gestion, financement, gouvernance),
    • anticiper les éventuels déséquilibres à compenser (soulte, autres actifs),
    • repérer les risques de conflit ou les zones de blocage.

    Cet audit permet de poser les bases d’un projet cohérent avec les objectifs patrimoniaux et familiaux.

    Estimation des actifs (entreprise ou immobilier)

    La valorisation indépendante des actifs est indispensable pour sécuriser l’opération :

    • Pour une entreprise, il s’agit d’une évaluation financière (méthodes patrimoniale, de rendement ou de marché).
    • Pour un bien immobilier, une expertise par un professionnel reconnu est fortement recommandée, voire obligatoire si un financement bancaire est prévu.

    Cette estimation garantit la transparence vis-à-vis des héritiers, du fisc et des partenaires financiers.

    Structuration juridique (création de la holding)

    Les héritiers créent une société de reprise (holding) qui servira à acquérir les titres ou les biens. Le choix de la structure dépendra :

    • du type d’actif (immobilier ou entreprise),
    • du régime fiscal souhaité (IR, IS),
    • de la stratégie de détention à long terme,
    • de la nature des associés (enfants, salariés, mineurs, etc.).

    La société devra intégrer des statuts adaptés, encadrant les pouvoirs de gestion, les droits des associés, les règles de cession, etc.

    Plan de financement (emprunt, soulte, dividendes)

    Une fois la société créée, un plan de financement solide doit être mis en place :

    • un emprunt bancaire pour racheter les titres ou les biens au cédant,
    • un éventuel apport de fonds propres par les héritiers,
    • un plan de remboursement basé sur les flux futurs : loyers (immobilier), dividendes (entreprise).

    S’il y a une soulte à verser aux autres héritiers, elle doit être calibrée avec soin pour respecter les équilibres familiaux sans fragiliser la capacité financière de la holding.

    Rédaction des engagements Dutreil le cas échéant

    Dans le cas d’une transmission d’entreprise, il est possible d’adosser l’opération à un pacte Dutreil pour bénéficier de l’exonération de 75 % des droits de mutation. Il peut s’agir :

    • d’un engagement collectif de conservation signé avant la transmission,
    • ou d’un engagement réputé acquis, sous conditions (fonction de direction, détention antérieure, etc.).

    Il convient de rédiger cet engagement avec précision, en lien avec le notaire et l’ingénieur patrimonial, et de s’assurer que toutes les obligations post-transmission pourront être respectées.

    Signature chez le notaire et coordination fiscale

    L’opération se finalise par une signature chez le notaire, qui authentifie :

    • la donation ou la cession,
    • les statuts de la holding,
    • les éventuels actes de prêt ou d’apport,
    • et les engagements fiscaux associés.

    En parallèle, un dossier fiscal complet doit être constitué : calcul des droits, déclarations, enregistrement, possibilité de demande de rescrit auprès de l’administration. C’est une phase essentielle pour sécuriser durablement l’opération.

    Mon avis sur le family buy out

    Le family buy out n’est pas une mode ou un montage réservé aux initiés : c’est un outil de transmission stratégique, moderne et intelligent, qui coche toutes les cases de ce que l’on attend aujourd’hui d’une gestion de patrimoine bien pensée.

    Ce que j’apprécie particulièrement dans ce dispositif, c’est sa capacité à réconcilier les objectifs du cédant et ceux des héritiers : dégager de la liquidité, maintenir la cohésion familiale, garder le contrôle, tout en optimisant la fiscalité. Peu de solutions patrimoniales permettent de faire tout cela à la fois.

    Côté entreprise, le FBO permet d’éviter des successions mal préparées ou des cessions à des tiers, souvent vécues comme des échecs familiaux. Côté immobilier, il offre une vraie réponse au casse-tête des successions centrées sur la pierre, où les héritiers se retrouvent souvent contraints de vendre faute de trésorerie.

    Évidemment, ce n’est pas une solution clé en main. Le family buy out suppose de bien anticiper, de modéliser finement l’opération, et de s’entourer des bons experts. Mais pour les familles qui prennent le temps de la réflexion, c’est un levier patrimonial redoutablement efficace, souple, pérenne et fiscalement avantageux.

    L'auteur
    Photo Benoît Fruchard

    Benoît Fruchard

    Fondateur de Cleerly - Conseiller en gestion de patrimoine

    Benoît Fruchard est passionné de finances personnelles depuis son plus jeune âge. Après une licence d'économie à l'Université de Nantes puis un Master à l'Université de Bordeaux, il rentre en école de commerce à Rouen. Il a travaillé 2 ans au sein de la BNP Paribas puis 5 ans chez un courtier en ligne. En 2021, il a créé Cleerly, un cabinet en gestion de patrimoine et un site pour démocratiser les finances personnelles... en savoir plus

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