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Cleerly 9 minutes de lecture 12 commentaires

Qu’est-ce qu’un héritier réservataire ? Définition et explications

Expert Arthur Grenier
Posté par
Arthur Grenier
Mis à jour le
13 septembre 2023

Toute succession se fait selon les règles établies par la loi. Et pour bien comprendre comment fonctionne une succession, il convient de connaître le lexique qui y est rattaché. Réserve héréditaire, quotité disponible, dévolution successorale… Autant de termes qui peuvent être mélangeants si vous n’êtes pas un spécialiste du droit des successions. Qu’est-ce qu’un « héritier réservataire » ? Qu’est-ce que la réserve ? Comment se calcule-t-elle ? Et qu’en est-il de la « quotité disponible » ? Voyons tout cela ensemble ! 

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Héritier réservataire : définition 

Toute succession obéit à des règles spécifiques, encadrées par la loi. En vertu de celle-ci, certains héritiers sont dits « réservataires » : ils ont droit à une part incompressible de la succession du défunt. On parle de « réserve héréditaire ». La loi vise à protéger au maximum la famille du défunt dans la succession et dans la transmission du patrimoine. 

La part d’un héritier réservataire est définie dans le Code civil. Pour ce dernier, il s’agit de « la part des biens et droits successoraux dont la loi assure la dévolution libre de charges à certains héritiers dits réservataires, s’ils sont appelés à la succession et s’ils l’acceptent ».

La réserve héréditaire est donc bien une protection des héritiers en ligne directe. Certains d’entre eux ne peuvent tout simplement pas être déshérités (écartés de la succession). On distingue la réserve héréditaire de la « quotité disponible ». Cette dernière correspond à la fraction du patrimoine d’une personne dont elle pourra disposer librement. Nous y reviendrons. 

Précisons que l’on peut être héritier réservataire par « représentation ». Prenons l’exemple d’un enfant du défunt, qui est de base héritier réservataire. S’il est « prédécédé » au décès de son parent, alors ce seront ses enfants à lui (et donc les petits-enfants du défunt) qui récupéreront sa part. 

Dernière chose : on peut très bien renoncer à sa réserve héréditaire. Cela se fait devant notaire via un acte authentique, nécessairement du vivant de la personne dont on est héritier. Cela permet de faire marcher le mécanisme de la représentation (et donc de favoriser ses enfants). 

Qui sont les héritiers réservataires et non réservataires ?

Les parents, enfants, frères et sœurs, neveux… sont-ils des héritiers réservataires ?

La règle est posée par le Code Civil : 

  • Ce sont les enfants qui sont héritiers réservataires (article 913) ;
  • Si les enfants sont précédées, leurs descendants sont les héritiers réservataires (article 913-1 du Code civil) via le mécanisme de représentation.
  • Enfin, si la personne défunte n’avait pas d’enfants du tout, le conjoint survivant devient l’héritier réservataire (article 914-1 du Code civil). 

La « dévolution successorale légale » se fait selon un principe d’ordre des héritiers. Voici le tableau de l’ordre des héritiers : 

RangHéritiers
1Enfants et descendants
2Parents et frères et soeurs (ascendants et collatéraux privilégiés)
3Ascendants ordinaires
4Collatéraux, autres que les frères et soeurs
L’ordre des héritiers

Pour rappel, seuls les enfants sont héritiers réservataires. Et à défaut d’enfants, ce sera le conjoint survivant. 

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que tous ces héritiers ne « touchent » pas nécessairement quelque chose. Au premier rang, on trouve les enfants et leurs descendants. S’il y en a, ils récoltent « tout ». Chaque rang exclut donc les suivants. On ne passe au deuxième rang qu’en l’absence d’enfants ou de représentant des enfants. Et ainsi de suite. 

Les « premiers » héritiers réservataires : les enfants 

Nous l’avons dit, les enfants du défunt sont ses héritiers réservataires. Cela vaut pour « tous » les enfants : enfants d’un premier lit, enfants du couple marié, enfants adultérins… La loi ne fait pas de distinction. Tous sont réservataires. 

Selon le nombre d’enfants, la réserve héréditaire n’est pas la même (et, de fait, la quotité disponible, dont la personne peut disposer librement) non plus. 

Nombre d’enfantsRéserveQuotité disponible
11/21/2
22/31/3
3 ou plus3/41/4
La réserve selon le nombre d’enfants

Si le défunt avait un enfant, ce dernier recueillera la moitié de la succession, au titre de sa réserve héréditaire. Le défunt pourra donc avoir disposé de l’autre moitié comme bon lui semble. S’il y a deux enfants ou plus, ils se partageront la réserve héréditaire à parts égales (1/3 chacun, par exemple, s’il y a deux enfants). 

Nous le verrons juste en dessous, mais s’il y a des enfants et un conjoint survivant, ce dernier aura droit à une part spéciale, sans toutefois être héritier réservataire lui-même. 

Rappelons que si l’un des enfants du défunt est prédécédé, ce seront ses enfants qui viendront en représentation, et qui prendront donc sa part dans la succession. 

Voyons enfin le cas des enfants adoptés. On distinguera ici :

  • L’adoption simple : l’enfant est héritier réservataire de ses parents adoptifs et de sa famille d’origine. Il n’est en revanche pas héritier des grands-parents de sa famille adoptive. 
  • L’adoption plénière : l’enfant est réservataire à part entière de sa famille adoptive. Il ne l’est en revanche pas du tout de sa famille d’origine. 

Le conjoint survivant : quels droits d’héritier réservataire ?

En France, le conjoint survivant est héritier « automatique » de son époux décédé. Il n’est en revanche héritier réservataire qu’en l’absence d’enfants. Ses droits dépendent donc :

  • Du fait que l’époux décédé avait des enfants, 
  • Du régime matrimonial (de base : communauté réduite aux acquêts). 

Si le défunt avait des enfants, la succession sera partagée entre ces derniers et le conjoint survivant. On fera toutefois une distinction, selon que les enfants soient communs au couple ou non : 

  • Si les enfants sont communs au couple, le conjoint survivant aura droit à 1/4 de la succession en pleine propriété ou la totalité en usufruit. Les enfants se partageront le « reste » à parts égales (la nue-propriété de l’ensemble des biens du défunt, ou les 3/4 en pleine propriété). 
  • S’il y a des enfants d’un autre lit, le conjoint survivant n’a pas le choix : il aura droit au quart de la succession en pleine propriété. Il ne pourra pas opter pour la totalité en usufruit.

Si le défunt n’était pas marié (ou divorcé), les enfants recueilleront 100 % de ses biens. Le fait que le défunt était pacsé ou en concubinage à son décès n’a aucun impact sur la succession. Le partenaire pacsé n’est pas héritier légal. Seul un testament peut lui conférer ce droit. 

Si le défunt n’avait pas d’enfants, le conjoint survivant recueillera 100 % de la succession si les parents du défunt étaient déjà décédés. Dans le cas contraire, le conjoint survivant aura droit : 

  • Aux 3/4, s’il reste un parent (ce dernier aura 1/4), 
  • À la moitié, s’il reste les deux parents (ces derniers auront droit à l’autre moitié).

Comment est calculée la part réservataire ?

On l’a vu, la réserve héréditaire dépend de la composition familiale. Les règles diffèrent selon que le défunt avait ou non des enfants, un lien matrimonial… 

La réserve n’est donc pas fixe : elle varie selon les cas (1/2, 2/3…). Elle ne peut, en revanche, être contournée. Le défunt ne peut pas avoir légué 100 % de son patrimoine à un ami, par exemple, s’il a des enfants ou un conjoint. On ne peut pas déshériter ses enfants en France. 

Mais la part réservataire est souvent complexe à estimer, ce qui peut entraîner des dérives, comme un contournement de la loi.. Le cas échéant, les héritiers réservataires ont un droit de recours. Ils peuvent introduire une action en réduction pour atteinte à la réserve. Le but est simple : récupérer ce qui leur est légalement dû. 

Un héritier réservataire qui se sent lésé peut donc saisir le juge en invoquant le droit au respect de sa réserve. 

Le but de cette action est simple : remettre les choses en ordre, si des libéralités (donations réalisées par le défunt de son vivant) excèdent la « quotité disponible ». Les règles de la réserve héréditaire entendent protéger les enfants (ou le conjoint survivant, à défaut). On ne peut pas en faire fi, et léguer 100 % de son patrimoine librement.  

Qu’est-ce que la quotité disponible ?

Chacun peut disposer librement d’une partie de son patrimoine. Il est possible, dans certaines limites, de donner, de son vivant ou à la succession, à une personne qui n’est pas héritière. On peut par exemple faire un don à un ami, le désigner dans son testament… 

La limite est toutefois la suivante : un héritier réservataire ne peut pas être lésé par une donation consentie du vivant du défunt. Le testament laisse une marge de manœuvre, mais on ne peut pas non plus tout faire. Loin de là. 

Concrètement, chaque personne pourra disposer librement d’une fraction de son patrimoine : la quotité disponible. Celle-ci dépend de la composition familiale du défunt (héritiers réservataires ou non, conjoint survivant, parents…). Si le défunt avait, par exemple, un enfant et pas de conjoint, la quotité disponible correspondra à la moitié de son patrimoine. 

On peut en disposer via testament (en léguant, par exemple, l’entièreté de la quotité disponible à un ami) ou avant, en faisant par exemple une donation

Pour rappel, s’il y a des héritiers réservataires, ils pourront intenter une action en réduction, si le défunt a disposé de plus que la quotité disponible. 

Il est très facile de connaître la quotité disponible dans votre cas. Il vous suffit d’appliquer les règles vues dans cet article. Si vous avez par exemple deux enfants et n’êtes pas marié, vous pourrez disposer librement d’un tiers de votre patrimoine. Vos enfants se partageront nécessairement les autres 2/3. 

Le fait qu’il y ait un légataire universel (désigné par testament) ne change rien pour les héritiers réservataires : ces derniers ont quand même droit à leur réserve. Le leg pourra porter seulement sur la quotité disponible. 

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L'auteur

Arthur Grenier

Associé - Conseiller en gestion de patrimoine

Arthur Grenier est un passionné de la gestion de patrimoine. Après des études d’économie à l’Université Catholique de Lille et à Financia Business School, il a acquis une solide expérience en travaillant à la Société Générale et chez BNP Paribas. Arthur a rejoint Cleerly début 2022, où il est rapidement devenu une référence incontournable pour toute l’équipe grâce à son expertise et sa passion pour le domaine... en savoir plus

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12 commentaires
Danion, le 16 avril 2023

je suis veuve et j’ai deux enfants .Depuis près de 20 ans ma fille avec compagnon qui est père de ses 2 enfants (15 ans et 12 ans) ils me refusent de les voir seuls et ça depuis leur naissance de ce fait j’en souffre pensant à la mort je voudrais que dans testament on soustrait une somme réservataire pour la donner aux enfants, et qu’elle fasse l’objet d’un placement financier disponible pour des études ou plus tard pour construire leur vie. Merci pour votre réponse.

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Expert
Benoît Fruchard, le 18 avril 2023

Bonjour,
Vos 2 enfants auront le droit d’obtenir la réserve héréditaire (2/3 de votre patrimoine).
Vous pouvez utiliser la quotité disponible pour vos petits enfants (1/3 de votre patrimoine).
Selon votre âge, vous pouvez aussi ouvrir une assurance vie (qui est hors succession) et désigner vos petits-enfants comme bénéficiaires.

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bernard, le 29 août 2023

Mon frère est décédé ainsi que son épouse. Il n’y a pas d’enfant. Il a légué tous ses biens par testament à une personne ne faisant pas partie de la famille. Mes deux fils et moi même peuvent-ils réclamer une partie de l’héritage et des souvenirs familiaux.
Merci pour votre réponse.

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Expert
Benoît Fruchard, le 29 août 2023

Bonjour,
Je vous invite à en parler avec un notaire ou un avocat pour avoir confirmation mais, selon moi en tant que frère, vous n’êtes pas un héritier réservataire.
Vous pouvez néanmoins contacter le légataire et essayer de vous arranger avec lui pour les souvenirs familiaux.

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ANTONIO, le 2 septembre 2023

.Nous venons de perde notre fils de 57 ans ,il a 1 fils de 25 ans qui est héritier de sa maison Nous avons nous des biens mobiliers et immobiliers ,que nous voulons par testament laisser entiérement à notre second fils .Mais rien à notre petit fils de 25 ans,est ce possible ?

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Expert
Benoît Fruchard, le 4 septembre 2023

Bonjour,
Le droit des successions est strict en ce qui concerne la protection des héritiers réservataires. Les enfants sont considérés comme des héritiers réservataires, ce qui signifie qu’ils ont droit à une part minimale de la succession de leurs parents, appelée « réserve héréditaire ».
Si vous avez deux enfants, la réserve héréditaire est normalement divisée entre eux. Si l’un des enfants est décédé et laisse un enfant (votre petit-fils), cet enfant prend la place de son parent défunt pour la part qui lui reviendrait.
Cependant, il y a une partie de votre patrimoine, appelée « quotité disponible », que vous pouvez librement attribuer à qui vous le souhaitez par testament, sans respecter la réserve héréditaire. Si vous avez deux enfants, la quotité disponible est d’un tiers de votre patrimoine.
Cela signifie que vous pouvez léguer 2/3 de votre patrimoine à votre fils, et 1/3 à votre petit-fils.

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Leblanc, le 8 septembre 2023

Bonjour’ un couple sans enfant, leurs frères et sœurs sont décédés….reste 2 neveux et 2 nièce s que ce couple ne parlent plus depuis des années,,,,ce couple 84 et 86 ans désire me faire donation de leur maison estimée à 320000 euros….est ce que les neveux et nièces peuvent m’emmener en justice si j’accepte cette maison ? Et combien devrai je payer au notaire et à l’état pour avoir la nu propriété de cette maison ? Merci

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Expert
Benoît Fruchard, le 11 septembre 2023

Bonjour,
Il est essentiel de réaliser cette transaction avec l’accompagnement d’un notaire pour s’assurer de la légalité et de la précision des montants. Les neveux pourraient potentiellement contester la donation en justice, par exemple en invoquant un abus de faiblesse étant donné l’âge des donataires.
Si le couple vous fait donation de la nu-propriété de la maison (estimée à 320 000 euros) et qu’ils ont entre 81 et 90 ans, la valeur de cette nu-propriété est de 80% de la valeur totale du bien, soit 256 000 euros.
Si le taux de donation est de 60%, les droits s’élèveraient à 153 600 euros.
À cela, il faudra ajouter les frais de notaire.

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Martine, le 17 octobre 2023

Bonjour,
J’ai eu 2 fils. L’ainé est décédé en 2005 en laissant une fille. Le second a eu 2 enfants. Comme c’était un « panier percé » j’ai fait un testament en léguant la quotité disponible à ses 2 enfants. Mon 2ème fils est décédé récemment et je veux annuler mon testament et que chacun de mes petits enfants reçoive l’héritage de leur père. Comment rédiger mon nouveau testament ?

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Expert
Benoît Fruchard, le 17 octobre 2023

Bonjour,
Il faut demander à votre notaire de refaire un testament en lui expliquant que vous ne souhaitez plus attribuer la quotité disponible aux 2 enfants de votre fils.

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Clerbois, le 9 avril 2024

Un cohabitant légal qui n’est pas réservataire a-t-il droit à l’usufruit de la maison familiale au décès de son conjoint ?

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Expert
Benoît Fruchard, le 25 avril 2024

BOnjour,
Les partenaires pacsés n’ont pas de droit automatique à l’usufruit sur la résidence principale au décès de leur partenaire, contrairement aux époux. Ils ne sont pas héritiers l’un de l’autre par défaut.
Un partenaire de PACS peut accorder à l’autre le droit à l’usufruit de la résidence principale ou de tout autre bien via un testament. Sans testament, le partenaire survivant ne bénéficie pas de droits successoraux sur les biens de son partenaire décédé.
La seule protection offerte par la loi en ce qui concerne le logement principal, c’est le droit d’y habiter pendant une année complète après le décès de l’autre partenaire.
Il est donc crucial de préparer un testament pour un couple pacsé.

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