L’assurance vie et le plan d’épargne en actions (PEA) sont des produits d’épargne massivement utilisés par les français. Toutefois, leur fonctionnement est souvent mal compris alors que leurs atouts respectifs en font deux enveloppes que chacun se doit de connaître et d’utiliser à bon escient. S’il existe différents dispositifs d’épargne, c’est qu’il y a une bonne raison. La réponse est simple, c’est parce qu’ils correspondent à des objectifs différents. Certains épargnants souhaitent réaliser des gains importants tandis que d’autres veulent s’assurer que leur capital sera en grande partie conservé. Le choix entre l’assurance vie et le PEA se fait donc en fonction de vos besoins. Afin de vous y aider, nous vous invitons à suivre notre présentation comparative.
Sommaire
PEA ou assurance vie : de quoi parle-t-on ?
Qu’est-ce qu’un PEA ?
Le plan d’épargne en actions est un dispositif financier lancé en 1992 afin d’inciter les particuliers à détenir un portefeuille d’actions dans des entreprises européennes. En investissant dans des actions, vous détenez la part du capital d’une entreprise. Si celle-ci fait des bénéfices, vous recevez des dividendes.
Au bout de 5 ans, vous bénéficiez d’un avantage fiscal : une exonération d’impôt sur les plus-values générées par les investissements.
Pour ouvrir un PEA, il suffit de correspondre à deux critères :
- Etre majeur
- Avoir sa résidence fiscale en France
Qu’est-ce qu’une assurance vie ?
Une assurance vie est un placement financier vous permettant de faire fructifier votre épargne, de préparer votre retraite et/ou de transmettre son patrimoine en cas de décès. L’argent est donc placé à votre convenance sur des supports différents, vous permettant de réaliser des plus-values :
- Le fonds en euros, sécurisé mais à la rentabilité limitée
- Les unités de compte, beaucoup plus rentables mais avec un risque de perte de capital
Vous pouvez donc effectuer des versements ponctuels ou réguliers sur votre contrat, en fonction de vos capacités. Il est également possible de détenir plusieurs assurances vie.
Il n’y a aucune condition préalable à remplir pour souscrire un contrat d’assurance vie : toute personne en a le droit. Dans le cas d’un mineur, l’enfant doit être représenté par ses parents ou représentants légaux. Il obtiendra la main dessus à ses 18 ans.
Quelles sont les caractéristiques de chacun de ces placements ?
L’assurance vie et le PEA sont des dispositifs financiers à destination des particuliers. Ils se rapprochent sur deux points : objectif de valorisation du capital et avantages fiscaux. Ils sont cependant dissemblables au niveau de leur fonctionnement et des possibilités de placement. Comment faire le bon choix en fonction de vos besoins et de votre profil investisseur ?
Quelles différences entre le PEA et l’assurance vie ?
PEA | Assurance vie | |
---|---|---|
Conditions relatives au souscripteur | Majeur Résidence fiscale en France | Pas de conditions d’âge Ouvert au non-résidents fiscaux français |
Nombre de comptes autorisés | 1 compte 2 comptes si combinaison avec PEA PME | Illimité |
Plafond des versements | 150 000 € pour PEA classique 225 000 € pour PEA PME | Illimité |
Retrait de fonds | Contraignants pendant les 5 premières années | Possible à tout moment |
Transfert | Possible entre deux établissements différents | Limité à l’établissement d’origine |
Périmètre d’investissement géographique | France Union européenne Espace économique européen | Illimité |
Placements autorisés | Actions ; OPCVM ; trackers ; certificats d’investissement ; certificats mutualistes ; parts de société | Obligations ; OPCVM ; actions ; trackers ; investissements immobiliers |
Garantie sur le capital versé | Non | Garantie sur le fonds en euros |
Frais | Réglementés et peu élevés | Varient en fonction de l’établissement Peuvent être élevés |
Fiscalité | Délai d’application de l’avantage fiscal : 5 ans Exonération des 12,8 % de PFL Pas d’exonération des 17,2% de prélèvements sociaux | Délai d’application de l’avantage fiscal : 8 ans Exonération d’impôt à hauteur de 4 600 € (9 200 € pour un couple) Allègement fiscal de 4 600 à 150 000 € (PFL fixé à 7,5% au lieu de 12,8%) Pas d’exonération des 17,2% des prélèvements sociaux |
Transmission du patrimoine en cas de décès | Pas possible Capital soumis à l’impôt sur les successions | Possible Exonération d’impôt sur les successions importante (voir ci-dessus) |
Ce tableau montre que les différences entre l’assurance-vie et le PEA sont nombreuses. Afin de vous simplifier la décision, voyons ensemble les éléments qui peuvent faire pencher la balance plutôt d’un côté que de l’autre, en fonction de votre profil investisseur.
Comparer l’assurance-vie et le PEA suppose également de se demander si ce type de placement est fait pour vous. Ces deux supports d’investissement présentent certaines similitudes qui peuvent ne pas convenir à tous les épargnants.
Quels sont les points communs entre l’assurance-vie et le PEA ?
L’antériorité fiscale
Dans le cas de l’assurance-vie, comme dans celui du PEA, il faut savoir s’armer de patience les premières années. Mais s’il est nécessaire de détenir son contrat un certain temps avant de bénéficier de l’antériorité fiscale, les conditions ne sont pas tout à fait les mêmes :
- Avec le PEA, vous ne disposez pas de vos fonds comme vous l’entendez pendant les 5 premières années. Si vous procédez à un retrait d’argent, votre PEA est automatiquement clôturé. Vous bénéficiez aussi d’une exonération des 12,8% du PFL (prélèvement forfaitaire libératoire) après 5 ans ;
- Avec l’assurance-vie, le PFL est réduit à 7,5% et vous bénéficiez d’un abattement annuel de 4 600 € après 8 ans seulement (9 200 € pour un couple).
Dans les deux cas, vous n’êtes pas exonérés des prélèvements sociaux sur les plus-values, qui s’établissent à 17,2% en 2024.
L’assurance-vie et le PEA sont donc deux placements qui s’envisagent sur le long terme et ne sont pas liquides les premières années.
La clôture du compte au décès du souscripteur
Dans les deux cas, les comptes sont clôturés au décès du souscripteur. Il n’est donc pas possible de léguer son PEA ou son assurance-vie aux bénéficiaires du contrat.
En ce qui concerne le PEA, il est néanmoins possible de transférer les actions sur un compte-titre ordinaire, mais cette solution ne comporte que peu d’intérêt. Le bénéficiaire perd en effet tous les avantages fiscaux du PEA.
Dans quels cas choisir un PEA ?
Les frais du PEA
Si les frais sont votre premier critère, les frais de gestion du PEA sont généralement moins élevés comparés à l’assurance vie.
Le PEA vous permet d’investir dans des titres vifs, ce qui limite les frais car l’intervention du gestionnaire est minime. Même si vous devez investir dans des actions européennes, vous avez accès à un très grand nombre d’actions d’entreprises.
Votre portefeuille peut avoir un rendement performant, selon le choix de vos placements.
PEA et connaissance du marché
Si vous êtes fin connaisseur des marchés, choisir un PEA est une excellente idée. Comme vous investissez dans des titres vifs, votre portefeuille peut connaître de très forts rendements, selon le choix de vos placements. Les personnes qui connaissent les marchés ou qui ont de fortes convictions peuvent donc avoir intérêt à choisir cette option. Elle s’avère en revanche périlleuses pour les novices, car le risque de perte en capital est donc réel.
Le transfert d’un PEA
Si vous souhaitez changer d’établissement, le transfert d’un PEA avec conservation de l’antériorité fiscale est relativement simple. Cette opération est possible entre deux établissements différents, ce qui n’est pas le cas avec l’assurance-vie.
Les limites du PEA
Le plafond de versement peut entraver vos ambitions si vous comptez acquérir de nombreuses actions à partir d’un capital très important. Au-delà de 150 000 €, il vous faut souscrire un compte-titre ordinaire, dispositif financier qui ne comporte aucun avantage fiscal.
La gamme d’investissements possibles est relativement limitée par rapport à l’assurance-vie. L’espace géographique et les types de placements sont également réduits.
Vous n’avez aucune garantie sur la récupération du capital que vous avez versé. La valeur de celui-ci dépend de la rentabilité de vos investissements.
Contrairement à l’assurance-vie, le PEA rentre dans l’actif successoral du défunt et les bénéficiaires devront donc s’acquitter de droits de succession. Il existe néanmoins un PEA plus avantageux à ce niveau précis : le PEA assurance. Il permet de bénéficier d’abattements similaires à ceux de l’assurance-vie.
Dans quels cas choisir une assurance-vie ?
La flexibilité de l’assurance vie
Si vous êtes en quête de flexibilité, l’assurance vie se caractérise par sa souplesse. Vous pouvez en ouvrir autant que vous voulez. Vos versements ne sont pas limités et vous êtes libre de faire des retraits d’argent à tout moment.
L’assurance-vie conviendra tout autant aux profils prudents que dynamiques, grâce à ses nombreuses possibilités.
Les personnes prêtes à prendre des risques disposent d’un choix étendu d’unités de compte pour constituer leur portefeuille d’investissement. Elles peuvent tout aussi bien investir dans des Sicav que dans des ETF, des produits structurés ou encore, dans l’immobilier avec les SCPI et les SCI.
Les profils prudents trouveront leur bonheur dans l’assurance-vie grâce à la possibilité de placer l’essentiel de leur épargne en fonds euros mais aussi dans des obligations ou des produits structurés à capital garanti. Le capital garanti du fonds euros est un argument en faveur de l’assurance-vie, car le PEA n’offre pas un tel niveau de sécurité.
Dans les moments de doute ou lors d’un contexte incertain, vous pourrez facilement arbitrer en faveur du fonds euros, sans être obligé d’effectuer des retraits.
La fiscalité de l’assurance vie
Si vous comptez fractionner vos rachats, la fiscalité de l’assurance-vie est intéressante dès lors que vous n’effectuez pas de retrait avec plus de 4 600 € de plus-value. En effet, c’est le montant d’abattement annuel sur les plus-values après 8 ans de détention.
Si vous disposez de sommes importantes sur votre contrat d’assurance-vie, ces montants peuvent être rapidement dépassés. Dès lors, il convient de planifier les retraits pour ne pas subir les 7,5% de Prélèvement Forfaitaire Libératoire (PFL). L’assurance-vie conviendra donc aux personnes qui peuvent anticiper leurs rachats, condition nécessaire à l’optimisation de votre contrat.
Par ailleurs, si vous comptiez ouvrir plusieurs assurances-vie pour augmenter le plafond d’abattement sur les plus-values, sachez que ce n’est pas possible. Vous bénéficiez de 4 600 € d’abattement sur l’ensemble de vos contrats (9 200 € pour un couple).
Assurance vie et succession
Si vous souhaitez anticiper votre succession, le dispositif de l’assurance vie prévoit la transmission du capital en cas de décès. L’assurance-vie présente surtout l’avantage de ne pas rentrer dans l’actif successoral, sa fiscalité est donc très avantageuse. Les primes versées aux bénéficiaires sont exonérées d’impôt sur les successions jusqu’à un certain seuil :
Part des versements effectués jusqu’à l’âge de 70 ans du souscripteur :
- Exonération d’impôt à hauteur de 152 500 € pour chacun des bénéficiaires.
- 20 % d’impôt entre 152 500 € et 852 500 €.
- 31,25 % d’impôt au-delà de 852 000 €.
Part des versements effectués après l’âge de 70 ans du souscripteur :
- Exonération d’impôt à hauteur de 30 500 € pour l’ensemble des bénéficiaires.
- Application du barème de l’impôt sur les successions au-delà de 30 500 €.
Les limites de l’assurance vie
Les fonds euros ont un rendement faible (2,60% en 2023 selon l’ACPR vs une inflation supérieure à 5%). Il faut compter sur les contrats multisupports pour booster les performances de son contrat. Les unités comptes permettent d’effectuer des placements plus risqués et donc potentiellement plus profitables. Cependant, vous aurez rarement la possibilité d’acheter des titres vifs (vous devrez investir dans des NFT, Sicav ou ETF par exemple, qui ne permettent qu’un accès indirect au marché action).
Les frais de gestion pratiqués peuvent se révéler importants. Vos gains s’en trouveront réduits, surtout s’ils proviennent essentiellement du fonds en euros dont le rendement n’est déjà pas élevé. Veillez donc à comparer soigneusement les frais pratiqués par les assureurs avant de souscrire.
Chez Cleerly, nous comparons les assurances-vie pour vous permettre de faire le tri entre les bons contrats d’assurance-vie (peu de frais, nombreuses unités de compte…) et les mauvais.
Le transfert d’une assurance-vie en gardant l’antériorité fiscale est possible, mais seulement auprès du même assureur. Cela limite grandement les possibilités, notamment si vous avez une assurance vie dans votre banque.
Assurance vie et PEA : deux supports complémentaires
Si vous hésitez entre assurance vie et PEA, vous pouvez résoudre ce problème en souscrivant aux deux. Cumuler une assurance-vie et un PEA vous permet de bénéficier des avantages de chacun, tout en limitant les inconvénients en faisant les bons choix aux bons moments.
En répartissant votre capital sur chacun des dispositifs, vous pouvez parvenir à bien le valoriser tout en jouant la prudence :
- L’assurance vie vous garantit de récupérer au moins une partie de vos fonds et constitue un des meilleurs moyens de transmission de votre patrimoine.
- Le PEA a la capacité de faire fructifier vos placements si ceux-ci se révèlent être très rentables.
Cette combinaison est d’autant plus judicieuse qu’avec le PEA vous ne pouvez pas verser plus de 150 000 € (porté à 225 000 si vous souscrivez à un PEA PME). Si vous penchez davantage pour le PEA, la souscription d’une assurance vie peut vous permettre de poursuivre vos investissements sous d’autres formes.
Enfin, en ouvrant à la fois à un PEA et une assurance vie vous récoltez les fruits de leurs avantages fiscaux respectifs. Cela a un impact important sur le montant net de vos gains.
Vous n’avez que 5 ans à attendre pour bénéficier de l’avantage fiscal avec le PEA, contre 8% avec l’assurance-vie. Si vous pensez faire des rachats annuels importants, le PEA peut s’avérer plus avantageux car l’abattement sur les plus-values n’est que de 4 900 € avec l’assurance-vie. En revanche, la fiscalité à la succession est plus intéressante avec l’assurance-vie.
C’est une bonne idée, car les avantages diffèrent. L’assurance-vie a pour principaux atouts l’accès à de nombreux placements (sécurisés ou plus risqués), une grande flexibilité (retraits possibles à tout moment, versements sans plafonds, diversité géographique…) et l’exonération des droits de succession. Le PEA est intéressant du point de vue des frais, des perspectives de rendement pour les connaisseurs et de la fiscalité en cas de retrait après 5 ans.