En plus du fonds en euros, l’assurance vie permet d’accéder à une gamme variée de supports en unités de compte, dont des produits structurés. Ces derniers ont la particularité de proposer une garantie totale ou partielle du capital à échéance. Ils sont donc de plus en plus appréciés des épargnants qui souhaitent diversifier leur allocation tout en protégeant leur capital. Avant d’investir dans des produits structurés, il faut cependant bien comprendre leur fonctionnement et les risques qu’ils comportent. Qu’est ce qu’un produit structuré ? Quels sont les risques et les gains potentiels ? Faut-il ajouter des produits structurés dans son assurance vie ? Lisez notre article pour tout savoir sur les fonds structurés.
Sommaire
Produits structurés : Définition
Les produits structurés (ou fonds structurés) sont connus sous plusieurs appellations, comme « fonds à fenêtre », « fonds à barrière » ou encore « fonds à formule« . Il s’agit de produits financiers non cotés, qui permettent de bénéficier à l’échéance d’une garantie du capital et d’un rendement déterminé (sous certaines conditions).
Le plus souvent, il s’agit de la réalisation d’un scénario lié à l’évolution d’un indice de référence, comme le CAC 40 ou l’Euro Stoxx 50. Si l’indice connaît une évolution favorable, l’investisseur récupère son capital, ainsi qu’une rémunération, calculée selon une formule prédéfinie. En cas de baisse de l’indice, il bénéficie d’une garantie du capital (totale ou partielle), qui peut cependant être soumise à conditions.
Sur le plan technique, les produits structurés prennent la forme d’un fonds commun de placement, d’un titre de créance comme un EMTN (Euro Medium Term Notes), ou éventuellement d’un OPCVM.
Les produits structurés peuvent être souscrits en direct dans un compte-titre, un PEA ou dans le cadre d’une assurance vie multisupport. Ils se présentent alors sous la forme de supports en unités de compte.
En raison de la complexité de ce type de produits, l’AMF (Autorité des Marchés Financiers) a mis en place des règles strictes. Les établissements qui commercialisent des produits structurés sont donc tenus de fournir aux souscripteurs des informations précises. Celles-ci sont détaillées dans le Document d’Information Clé pour l’Investisseur (DICI). Elles incluent par exemple de la nature exacte de la garantie du capital, des scénarios envisageables et de la formule utilisée pour calculer la performance du fonds.
Comment fonctionnent les produits structurés ?
Les fonds structurés sont des produits complexes, qui se composent de plusieurs actifs et instruments financiers. Ces derniers sont assemblés de façon à produire un profil de risque et des perspectives de gains connus dès le départ. On retrouve en général au moins deux composantes :
- Une composante obligataire, qui vise à assurer la garantie du capital à échéance.
- Une composante en actifs plus risqués, généralement des options et des swaps. Il s’agit d’instruments financiers cotés, qui permettent de se couvrir et de générer une performance liée à l’évolution d’un sous-jacent.
Le sous-jacent est en principe un indice boursier, comme le CAC 40 ou l’Euro Stoxx 50, ou bien un panier d’actions et d’obligations. La performance d’un produit structuré est donc directement liée à l’évolution des marchés financiers. Elle est déterminée à partir d’une formule mathématique plus ou moins complexe, qui est connue dès la souscription. En cas d’évolution favorable correspondant au scénario prévu, le souscripteur est rémunéré sous forme de prime de remboursement ou de coupons.
Les produits structurés ont une durée de vie limitée, généralement fixée entre 5 et 10 ans. On parle d’échéance ou de maturité du fonds. Certains produits structurés prévoient cependant un remboursement anticipé si l’objectif est atteint avant la date limite.
La fenêtre de souscription pour les produits structurés est courte : quelques semaines ou quelques mois tout au plus. Quant au montant minimum de souscription, il est généralement de quelques centaines d’euros, et doit être précisé dans l’offre.
Les différents types de fonds structurés
Il existe plusieurs types de fonds structurés, avec des modes de fonctionnement et des profils de risque différents.
Les produits structurés à capital garanti ou à capital protégé
Dans un produit structuré à capital garanti (avec une garantie totale du capital), la sécurité est privilégiée, généralement au détriment de la performance. Quelle que soit la baisse enregistrée par l’indice, l’épargnant est certain de récupérer la totalité de son investissement, minoré des frais d’entrée et de gestion éventuels. Dans les conditions actuelles du marché, la rémunération prévue pour ces produits structurés dépasse rarement les 4%.
Il existe également des produits structurés à capital protégé. Dans ce type de fonds, une partie du capital seulement est garantie à maturité du fonds. Si l’évolution des indices est positive, le gain potentiel sera alors plus important qu’avec un fonds à capital garanti. En cas d’évolution défavorable, l’investisseur subira une perte, mais celle-ci sera limitée. Un produit structuré peut par exemple prévoir une garantie du capital limitée à 95%. En cas de baisse de l’indice, l’investisseur s’expose donc à une perte de 5%.
Pour vous assurer de bien comprendre la garantie offerte par un fonds et les risques auxquels vous vous exposez, reportez vous au DICI, qui doit obligatoirement vous être fourni avant toute souscription.
Les fonds à protection conditionnelle
Ces produits structurés proposent une protection conditionnelle du capital. L’investisseur a alors la garantie de récupérer son capital à échéance, à condition que l’indice de référence n’ait pas enregistré une baisse supérieure à une limite déterminée. Généralement, celle-ci est fixée à 30 ou 40%. Dans le cas où la baisse de l’indice dépasse la limite à maturité, la garantie cesse de jouer. La perte en capital subie est alors proportionnelle à la baisse de l’indice.
A maturité, 3 cas de figures sont envisageables :
Résultat | |
---|---|
Evolution favorable de l’indice | Remboursement du capital et versement des gains |
Evolution défavorable dans la limite fixée | Remboursement du capital initial |
Evolution défavorable en dessous de la limite fixée | Pertes en capital proportionnelle à la baisse de l’indice |
Les fonds « autocall »
Les fonds autocall sont des produits structurés qui se remboursent par anticipation selon les conditions du marché. Concrètement, ce type de fonds est souscrit pour une durée maximale, et des périodes de constatation (ou fenêtres de remboursement anticipé) sont prévues à échéances régulières, par exemple chaque année ou chaque trimestre. Si l’indice atteint l’objectif fixé lors de l’une de ces échéances, le remboursement anticipé est déclenché. L’investisseur récupère alors son capital initial, majoré du rendement prévu pour chaque année écoulée. Si l’objectif n’est pas atteint, le fonds continue à exister jusqu’à ce qu’il le soit ou jusqu’à l’échéance maximale fixée.
Très souvent, la garantie du capital proposée dans ce type de fonds est conditionnelle. Vous n’êtes donc certain de récupérer votre capital à échéance que si l’indice de référence n’a pas baissé en dessous d’un certain niveau.
Produits structurés : risques et gains potentiels
L’intérêt des produits structurés et proposé un couple risque/performance connu d’avance. Bien entendu, la promesse de gains importants s’accompagne toujours de risques conséquents. Par ailleurs, les produits structurés sont exposés à d’autres risques que ceux qui sont liés à l’évolution des marchés financiers.
Quelle est la performance des produits structurés ?
Les gains potentiels avec un fonds structuré dépendent du couple risque/rendement choisi : une perspective de gains importante sera donc toujours associée à un risque plus élevé. Pour les fonds à capital garanti, les gains annuels sont souvent compris entre 4 et 6%. Ils sont légèrement plus importants pour les fonds à capital protégé. Les produits structurés qui n’offrent qu’une garantie conditionnelle du capital fixent quant à eux des objectifs de gains plus importants, généralement de l’ordre de 8 à 10% par an.
Les informations commerciales autour des produits structurés peuvent prêter à confusion. En effet, les gains sont souvent indiqués pour la durée totale du placement, par exemple 26% sur 6 ans. Cela correspond en fait à une performance annuelle de 4,3%. Pour vous assurer de bien comprendre le potentiel de rendement d’un fonds, nous vous conseillons de lire attentivement le DICI avant toute souscription.
Par ailleurs, la performance en cas de scénario favorable est « capée », c’est-à-dire plafonnée. Il s’agit là de la contrepartie de la garantie du capital, dont le coût vient brider la rentabilité du produit. Concrètement, cela signifie que vous ne captez qu’une partie de la hausse de l’indice en cas d’augmentation. De plus, les dividendes des produits sous-jacents ne sont pas distribués aux souscripteurs du fonds, mais viennent rémunérer l’établissement bancaire. En raison de ces deux facteurs, la performance d’un fonds structuré reste donc en moyenne inférieure à celle d’un portefeuille d’actions détenues en direct ou d’un fonds plus traditionnel.
Quels sont les risques liés aux produits structurés ?
Les fonds structurés présentent un risque en cas d’évolution défavorable du sous-jacent, sauf pour les produits qui proposent une garantie totale du capital à échéance. Si l’indice de référence baisse en dessous de la limite prévue, l’épargnant s’expose donc à une perte en capital. Celle-ci pourra être partielle pour un fonds à capital protégé, ou suivre la baisse de l’indice pour un fonds n’offrant qu’une protection conditionnelle.
Quelle que soit la garantie en capital proposée, les produits structurés exposent à un risque de défaillance de l’émetteur. En effet, les produits structurés sont construits par des banques ou des compagnies d’assurance, qui ont à charge de rembourser le capital garanti en cas de mauvaises performances. Si l’établissement connaît des difficultés financières, il peut se trouver dans l’incapacité de restituer les fonds. L’investisseur risque alors de perdre tout ou partie de son capital. Pour minimiser ce risque, il convient de privilégier les meilleurs produits structurés émis par des acteurs solides et reconnus, moins susceptibles de vous faire défaut.
Les fonds structurés présentent également des risques en cas de sortie avant l’échéance, ou en dehors des dates prévues de remboursement anticipé. En cas de mauvaise performance, vous risquez notamment de subir une forte perte en capital, puisque la garantie n’intervient qu’à maturité. De plus, des pénalités pourront s’appliquer sous la forme de frais de sortie anticipée. Il est donc primordial de bien prendre en compte la durée de blocage des fonds avant d’investir dans un produit structuré.
Quels sont les frais liés aux produits structurés ?
Lorsque vous souscrivez à un fonds structuré dans une assurance vie, vous supportez les frais propres au produit structuré, ainsi que ceux qui sont prévus par votre contrat.
Plusieurs types de frais s’appliquent aux produits structurés :
- Les frais d’entrée, généralement compris entre 2 et 3%.
- Les frais de gestion annuels. Leur montant varie généralement entre 1 et 2% par an.
- Les frais de sortie anticipée, facturés en cas de rachat avant le terme ou hors des échéances prévues.
Quant aux frais de l’assurance vie, il s’agit principalement des frais de versement (0 à 4%) et des frais de gestion (0,5 à 1%) sur les unités de compte. S’ils sont trop élevés, ils risquent de nuire à la performance de vos investissements. Au moment de choisir votre contrat, nous vous conseillons donc de vous montrer particulièrement attentif à ce paramètre.
Que penser des produits structurés dans une assurance-vie ?
Les produits structurés sont une option intéressante, car ils proposent un couple rendement/risque déterminé à l’avance. Lorsque vous souscrivez un produit structuré, vous connaissez dès le départ les risques potentiels, les perspectives de rendement et la durée maximale. Vous pouvez ainsi adapter votre choix à votre aversion au risque, ainsi qu’à votre horizon de placement idéal.
Les produits structurés permettent d’accéder à une classe d’actifs variée, comme des actions et des obligations. Ces dernières peuvent être liées à différents secteurs et zones géographiques comme les matières premières, le CAC 40 ou l’EURO STOXX 50. Il peut donc s’agir d’une bonne alternative aux placements risqués, pour diversifier votre portefeuille tout en bénéficiant d’un filet de sécurité.
L’assurance vie est aujourd’hui l’enveloppe privilégiée pour investir en produits structurés, notamment en raison de sa fiscalité avantageuse. Après 8 ans, vous bénéficierez en effet d’un abattement annuel sur vos gains de 4 600€ pour un célibataire et 9 200€ pour un couple. C’est donc une bonne option pour votre épargne.
Notre avis sur les fonds structurés dans un contrat d’assurance vie
Avec l’érosion du rendement des placements sans risques comme le fonds euros, les produits structurés gagnent en popularité auprès du grand public. Et pour cause, la perspective d’une performance attractive couplée à une protection du capital a de quoi séduire. Selon nous, loger des produits structurés dans son assurance vie n’est pas dénué d’intérêt, mais il ne s’agit pas toujours de la meilleure solution pour dynamiser son épargne.
En effet, la garantie du capital est toujours proposée à l’échéance du fonds, soit après 5 à 10 ans dans la plupart des cas. En ce sens, elle a surtout pour objectif de rassurer le souscripteur, car le marché action tend généralement à évoluer à la hausse sur le long terme. Les risques sont donc lissés, et la garantie en capital n’est pas forcément pertinente, d’autant que son coût vient plafonner les perspectives de gains.
Investir en direct dans un panier d’actions, un fonds diversifié traditionnel ou un ETF s’avérera donc souvent plus rentable pour un même horizon de placement. Dans une étude parue en janvier 2020, l’AMF conclut ainsi que les produits structurés « apparaissent comme relativement peu performants, comparés à des investissements boursiers traditionnels ». Cet avis est cependant à nuancer car tout dépend du sous-jacent considéré. Malgré, des risques de baisses ponctuelles, certains produits structurés peuvent être très performants sur le long terme.
Par ailleurs, les produits structurés sont complexes, et leur fonctionnement n’est pas toujours clair aux yeux des épargnants. Si vous ne comprenez pas un produit, il est préférable de ne pas y investir, car vous vous exposeriez à de mauvaises surprises. À l’inverse, si vous êtes à l’aise avec le fonctionnement des produits structurés et les risques éventuels, ils pourront constituer un outil de diversification intéressant pour votre assurance vie. Nous vous conseillons toutefois de les inclure dans votre portefeuille avec parcimonie, en ne dépassant pas 5 à 15% de votre allocation.
Ce type d’investissement est toujours lié à une garantie en capitale au moins partielle. En ce qui concerne les fonds à protection conditionnelle qui sont les plus risqués, votre capital est garanti tant que l’indice de référence ne descend pas de plus de 30/40% (en moyenne). S’il descend plus bas, votre capital n’est plus garanti.
Tout dépend de votre connaissance du marché. Mieux vaut avoir une vision claire du sous-jacent dans lequel vous souhaitez investir avant de placer votre argent. Attention aussi à ceux qui promettent un capital garanti sous 5 à 10 ans pour rassurer les investisseurs. Cela cache souvent des performances décevantes.