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Quels sont les dangers de l’assurance vie ?

Expert
Posté par
Benoît Fruchard
Mis à jour le
19 décembre 2023

Très populaire auprès des épargnants depuis de nombreuses années, l’assurance vie a enregistré une collecte record après le Covid. Et pour cause, l’assurance vie dispose de nombreux atouts : une fiscalité avantageuse, des perspectives de performance satisfaisantes, et la possibilité de sécuriser son capital. Comme tout placement, l’assurance vie comporte néanmoins des risques, et il est important de les connaître. L’assurance vie est-elle en danger ? Quel avenir pour les fonds en euros ? Faut-il souscrire une assurance vie ? Vous découvrirez si l’assurance-vie est un placement à risque en 2024.

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Faut-il craindre pour les assurances vie en 2024 ?

L’assurance vie est une enveloppe qui permet d’investir sur différents supports. Il n’y a donc rien à craindre en ce qui concerne l’assurance vie mais les craintes peuvent plutôt concerner les supports d’investissements.

Ce produit est, depuis de nombreuses années, parmi les placements préférés des français, qui sont quelques 38 millions à en détenir une. Au total, l’encours de l’assurance vie s’élève ainsi à plus de 1 900 milliards d’euros en 2023.

Après le début de la crise sanitaire, certains évènements ont pourtant suscité l’inquiétude des épargnants et des observateurs. En mars et avril 2020, au plus fort de la pandémie, les français ont en effet retiré 4,3 milliards d’euros de leurs contrats. Il s’agissait de la décollecte la plus importante enregistrée depuis 2011. Celle-ci s’explique notamment par le rendement très bas des fonds euros, et par un effondrement des bourses qui a fait craindre une grave crise financière.

Plus encore, dans un contexte de pandémie mondiale, les épargnants souhaitaient avoir accès le plus facilement possible à leurs économies. Ils ont ainsi été nombreux à retirer leur argent pour le placer sur des livrets d’épargne ou un compte-courant, plus liquides que l’assurance vie.

Bien que les fonds investis sur une assurance vie ne soient jamais bloqués, le délai pour les récupérer peut atteindre 2 mois.

Dès la reprise de l’économie, les versements sur l’assurance vie ont connu un léger rebond, même si l’année 2020 s’est achevée avec une décollecte nette de 6,5 milliards d’euros. À l’inverse, 2021 a été une année record pour l’assurance vie. Les épargnants y ont ainsi versé 151,1 milliards d’euros, et la collecte nette atteint 23,7 milliards d’euros. Le retour massif des français vers l’assurance vie démontre ainsi que ces derniers restent fidèles à leur placement favori. Il n’y a donc pas lieu de craindre pour l’avenir de l’assurance vie. L’année 2022 a été une très bonne année en terme de collecte malgré des performances mauvaises et 2023 a été plutôt intéressante. Pour autant, certains indicateurs invitent à la vigilance.

Rendements de l’assurance vie : le fonds euros en danger ?

Ce n’est plus un secret pour personne, le rendement des fonds euros, en baisse constante pendant plusieurs années, reprend des couleurs. Dès lors, on peut s’interroger sur les stratégies à adopter pour placer son épargne.

Pourquoi le rendement des fonds euros a-t-il connu de fortes baisses ces dernières années ?

Pendant plusieurs années, on a assisté à un recul continu du rendement des fonds en euro. De 4,50% en moyenne en 2003, il est ainsi passé à 2,30% en 2015, puis à 1,30% en 2021, même si ce chiffre cache d’importantes disparités.

Cette baisse s’expliquait par la composition des fonds en euros et le contexte des taux d’emprunt bas. Afin de garantir le capital, les fonds euros comprennent 80 à 85% d’obligations en moyenne. Il s’agit notamment d’obligations d’Etats de la zone euro et d’entreprises européennes, qui empruntent à un taux beaucoup plus bas qu’il y a 15 ou 20 ans.  A mesure que les obligations plus anciennes (et plus rémunératrices) arrivent à maturité, elles étaient ainsi remplacées dans le portefeuille des compagnies d’assurance par des obligations dont le taux était plus faible. Mécaniquement, le rendement du portefeuille obligataire des assurances baissait, ce qui se traduisait par une érosion de la performance des fonds euro.

Une hausse des rendements en trompe-l’œil ? 

La conséquence la plus évidente de la chute du rendement des fonds en euros a été une perte de rémunération pour les épargnants. La grande popularité du fonds euro tenait à deux atouts : il était à la fois sécurisé et rémunérateur. S’il s’agit toujours aujourd’hui du placement sans risque par excellence, il est bien loin de sa performance d’antan. Pour doubler votre capital, il ne fallait par exemple « que » 18 ans avec un rendement annuel de 4%, contre près de 72 ans si votre épargne ne rapporte que 1% par an.  

En 2024, le risque de perdre de l’argent sur un fonds euro devient réel, même si les rendements sont positifs et en hausses. En effet, ces derniers ne suffisent plus à couvrir le niveau de l’inflation, qui a atteint 5,2% en 2022 et devrait tourner autour de 5% aussi en 2023. Votre rendement « réel » est donc négatif, dans la mesure où votre épargne perd de la valeur.

Les compagnies d’assurance, notamment celles qui n’avaient pas de fonds euros très conséquent, ont proposé des boosts pour collecter de l’argent et pouvoir offrir plus de performance.

En 2023, certains fonds euros boostés proposent des rendement de leurs fonds euros compris entre 4 et 5% !

Comment réagir à la faible hausse du rendement des fonds euros ?

Sur le marché très concurrentiel de l’assurance vie, les compagnies rivalisent pour continuer à proposer des contrats attractifs. Certains d’entre elles ont donc créé des fonds euros « alternatifs », en principe plus rémunérateurs.

Dans cette catégorie, on trouve les fonds en euros dynamiques. Ces derniers contiennent moins d’obligations (de l’ordre de 70%), et plus d’actions et d’immobilier. Il existe également des fonds euro immobiliers, qui contiennent jusqu’à 30% d’actifs immobiliers en portefeuille. Certains assureurs vont plus loin, et proposent des fonds euro nouvelle génération. Ils sont censés servir un rendement plus important, en contrepartie d’une diminution de la garantie du capital, qui n’est que de 98%. Bien souvent, l’accès aux fonds euros alternatifs est conditionné à l’investissement d’une partie du capital sur des supports en unités de compte.

Si vous êtes prêt à bloquer votre épargne pendant plusieurs années, vous pouvez également envisager d’investir sur un fonds euro-croissance. Ces derniers n’offrent de garantie du capital qu’à l’échéance choisie par l’épargnant, entre 8 et 40 ans. L’assureur n’a donc pas à servir un rendement annuel positif, ou à maintenir la garantie du capital à tout moment. Il dispose donc d’une marge de manœuvre plus importante pour viser davantage de performance. Pour l’heure, les résultats de ces fonds semblent cependant mitigés, et il nous paraît préférable de ne pas se précipiter.

Qu’il soit classique ou alternatif, tout miser sur le fonds euro peut être une bonne stratégie en 2024. Si votre épargne est placée sur un fonds en euro boosté et que vous souhaitez garder votre épargne en sécurité pour financier un projet, c’est une bonne solution. Il pourra malgré tout être intéressant de diversifier son épargne, par exemple sur des fonds obligataires. Pour cela, il est impératif d’avoir accès à une gamme étendue de supports en unités de compte. Au moment de choisir votre contrat, soyez donc particulièrement exigeant sur ce point.

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Les risques liés aux unités de compte

Pour compenser le rendement très limité de nombreux fonds en euro, de nombreux épargnants se sont déjà tournés vers les supports en unités de compte (UC) plus rémunérateurs, mais qui n’offrent pas de garantie du capital.

Les compagnies d’assurances tendent à inciter les épargnants à investir sur les unités de compte. Certains contrats d’assurance vie proposent ainsi un bonus sur le rendement du fonds en euro, à condition qu’une partie de l’épargne soit placée sur des supports en UC. D’autres vont même plus loin, et imposent un investissement minimum de 20 à 50% en unités de compte pour accéder au fonds euro. Dans quelques contrats, il n’est même pas possible d’accéder à un fonds en euros !

Si diversifier votre allocation est a priori une bonne chose (et même une nécessité), il ne faut pas perdre de vue que placer votre épargne sur des supports en UC vous expose à un risque de perte en capital, car ces derniers sont soumis aux fluctuations du marché. Les supports en unités de compte incluent cependant une large variété d’actifs : actions, obligations, OPCVM, ETF, ou encore immobilier avec des SCI et des SCPI. En fonction des supports choisis, le niveau de risque pourra ainsi varier de manière considérable, car certains actifs sont plus volatiles que d’autres.

Pour maîtriser au mieux les risques liés aux unités de compte (et optimiser la performance de votre contrat), la clé reste de sélectionner des actifs adaptés à votre appétence au risque et à votre horizon de placement.

Pour cela, si le sujet vous passionne, vous pouvez sélectionner vous-même le contrat et les supports qui vous correspondent, il existe de nombreux contrats accessibles en ligne de bonne qualité pour les passionnés. Si vous n’avez pas le temps, ni d’intérêt sur le sujet, il pourra être opportun de faire appel à un professionnel, qui vous aidera à définir une stratégie. L’assurance-vie n’est pas un placement à risque, sauf si vous le décidez ! Vous pourrez déléguer la gestion de votre allocation, en optant pour la gestion sous mandat, ou gestion pilotée.

Assurance vie : danger en cas de faillite des assureurs  

En cas de faillite ou de défaillance de l’assureur, sachez que l’Etat garantit les fonds placés sur un contrat d’assurance vie à hauteur de 70 000 € par client et par compagnie.

Pour les épargnants les plus inquiets, la solution peut consister à souscrire plusieurs contrats auprès d’établissements différents et à ne pas dépasser ce montant.

La sécurité de l’épargne de votre assurance vie repose sur une compagnie d’assurance. En cas de faillite, cette dernière ne respecterait plus ses engagements vis-à-vis des épargnants. On parle alors de risque de solvabilité de l’assureur.

Pour minimiser ce risque, vous avez tout intérêt à vous renseigner en amont sur la solidité financière de la compagnie auprès de laquelle vous envisagez de souscrire votre assurance vie. Il faut néanmoins souligner que les risques de faillite pour grosses compagnies d’assurance sont extrêmement faibles. En effet, le secteur est soumis à des normes de surveillance strictes, renforcées plusieurs fois depuis la crise de 2008.

Par ailleurs, la directive européenne Solvabilité 2 impose aux compagnies d’assurance plusieurs mesures de précaution. Elle exige notamment que ces dernières disposent des fonds propres nécessaires pour couvrir leurs engagements, y compris dans des situations de crise.

Assurance vie bloquée par l’État : est-ce possible ?

Entrée en vigueur en 2016, la Loi Sapin 2 introduit la possibilité de limiter temporairement le retrait des fonds placés sur une assurance vie. Cette mesure n’a pas manqué de faire polémique, puisqu’elle remet en question l’un des grands atouts du placement en assurance vie, à savoir sa liquidité. Le blocage ne peut cependant intervenir que dans des circonstances exceptionnelles, lorsque l’assureur court un risque de faillite.  

C’est alors le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF), rattaché à Bercy, qui a le pouvoir de décider la mise en place de restrictions. Il peut notamment :

  • Suspendre ou limiter les retraits sur les contrats d’assurance vie
  • Restreindre les possibilités d’effectuer des versements sur le fonds euro
  • Suspendre la distribution de dividendes.

Le blocage temporaire est décidé pour 3 mois renouvelables une fois, soit 6 mois consécutifs au maximum.

Si l’éventualité du blocage des fonds peut à juste titre susciter l’inquiétude, il s’agit en réalité d’une mesure protectrice. En effet, en cas de grave crise financière, les épargnants pourraient être tentés de retirer massivement  leurs avoirs. Les compagnies d’assurance ne disposeraient alors pas des liquidités nécessaires, et devraient vendre les obligations et titres financiers investis. Mécaniquement, cela ferait baisser leur valeur, et exposerait l’assureur à un risque de faillite. La possibilité de limiter temporairement les retraits vise donc avant tout à sauvegarder la valeur des contrats d’assurance vie et la stabilité du secteur.

Pourquoi l’assurance vie reste un placement incontournable en 2024 ?

S’il semble légitime de s’inquiéter pour l’avenir de l’assurance vie, force est de constater que celle-ci n’a pas dit son dernier mot ! Et pour cause, aucune autre enveloppe n’offre les mêmes avantages que l’assurance vie, qui reste le placement polyvalent et flexible par excellence. Même s’il a beaucoup baissé, le rendement moyen des fonds euro est généralement supérieur à celui des autres placements sans risque. Pour sécuriser une partie de votre épargne, il s’agit donc toujours d’une excellente option.

Si l’assurance vie est aussi populaire, c’est également en raison de son cadre fiscal. Après 8 ans, celui-ci devient très avantageux. Vous pourrez notamment retirer une partie de vos gains chaque année sans aucune fiscalité. Le montant de l’abattement s’élève à 4 600 € pour un célibataire, et 9 200 € pour un couple. Au-delà, le taux d’imposition reste préférentiel : 7,5% d’impôt sur le revenu, et 17,2% de prélèvements sociaux.

Enfin, l’assurance vie est l’un des outils les plus efficaces pour transmettre un capital en cas de décès, car chaque bénéficiaire est exonéré de droits de succession sur 152 500 € en ce qui concerne les sommes versées avant 70 ans par l’assuré. Il bénéficie ensuite d’une fiscalité progressive toujours avantageuse.

Pour continuer à profiter au maximum des atouts de l’assurance vie, il est cependant impératif d’adapter sa stratégie d’investissement. En 2024, il peut être judicieux de tout miser sur le fonds euro si l’épargne doit rester disponible et qu’il faut éviter des fluctuations.

Les épargnants français semblent cependant de plus en plus nombreux à vouloir diversifier leur épargne sur des unités de compte : la collecte sur ces supports a atteint un niveau record en 2021, avec 42,4 milliards d’euros versés. Plus que jamais, il est indispensable de disposer d’un contrat de qualité, peu chargé en frais, et qui propose une sélection étoffée de supports en unités de compte. Si ça n’est pas le cas du vôtre, il pourra s’avérer judicieux d’en changer, ou bien d’en ouvrir un second.

Quelles sont les pires assurances vie ?

Certains assureurs ou banques peuvent proposer des rendements intéressants, mais ruiner cette rentabilité à cause de frais trop élevés. C’est pour ça qu’au sein du cabinet Cleerly, nous scrutons attentivement tous les frais cachés pour vous proposer uniquement les meilleurs contrats.

Petit tour d’horizon des plus mauvaises performances observées en 2022 sur les fonds en euros :

Chez les assureurs

Les assureurs qui ont proposé les fonds euros avec les plus faibles rendement nets en 2022 : 

  • Vivépargne 2 de AG2R La Mondiale : 1,08% ;
  • CNP One de CNP Assurance : 1,2%.

Chez les banques

Certaines banques aussi ont proposé des rendements nets de frais décevants en 2022 : 

  • Cachemire 2 Série 2 de La Banque Postale : 1,40% ;
  • Millevie Essentielle 2 de la Caisse d’Épargne 1,45% ;
  • Horizéo 2 de la Banque Populaire : 1,45%.

Comme dit en préambule, les frais (d’entrée, de gestion, de versement…) étant en plus élevés sur ces contrats, ils n’ont pas nos faveurs.

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2 commentaires
Toutain Paulette, le 19 août 2023

Bonjour. Détenteur d’un contrat assurance vie GMO de la banque postale depuis 2005,je souhaite un rachat partiel de 5000€,afin d’aider mon fils à finaliser l’achat d’un appartement. Demande refusée par trois fois ,pourtant effectuées par la conseillère financière de la poste. Une quatrième tentative est envisagée…. Pourtant,un rachat partiel de 10000€ sur un autre support (solesio-vie )de la Banque postale a été effectué sans problème . Ou est le problème ? Merci pour votre analyse.

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Expert
Benoît Fruchard, le 28 août 2023

Bonjour,
C’est difficile à expliquer car l’assurance vie est liquide.
Qu’est-ce que votre conseillère reçoit comme réponse ?
Vous pouvez faire un courrier recommandé en suivant les indications de CNP Assurances, l’assureur de La Banque Postale.

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